L’amour délivre est un lieu de partage. Aussi, de temps en temps, nous invitons dans nos colonnes un écrivain que nous aimons. Monique Ferec nous propose « Le Cache-tempête », un poème en prose plein d’humour et de bonne humeur, pour l’amour de Brest !
Le cache-tempête
Sein, Ouessant, Molène. Embarquement différé. Moutons en furie dans le bassin n° 1. Celui qui dit qu’il n’y a plus de saison est invité à venir prendre un petit jus au port quand le suroît furoie, quand la tempête tempête. La vraie, celle qui fait valser les poubelles, bataille avec l’indéfrisable de tante Yvonne, abat les arbres sans tronçonneuse. Quand l’Abeille s’tire à Ouessant, le beau temps fout le camp ! A Brest, on sait cela dans le ventre de sa mère. Quand le vaillant remorqueur monte au front en mer d’Iroise, hache la houle menu, prêt à sortir ses grappins pour sauver femmes, enfants, hommes et navires, c’est qu’il va y avoir du sport !
Le zef, dans toute sa splendeur, fait bouillonner l’eau verte. L’écume volatile saupoudre les quais. C’est la vie de tempête, la vie contre vents et marées. Quand j’étais petite et que j’avais peur des fantômes, pour me rassurer, je disais : « et si c’était le vent ? ». Je suis grande maintenant, et je sais que ce vent-là chasse aussi les fantômes… Je le supporte, pour cette raison, un tout petit peu plus. Et si je ne le déteste pas totalement, c’est parce que le vent a des vertus démocratiques. Allez jouer les élégants par des vents de 130 km à l’heure. Désossés, et de toutes façons, égarés, les parapluies. Docker, consul, employé de sous-préfecture, cadre A, ouvrier du port, tous enfilent le même vêtement sans forme, au col si possible relevé et d’une couleur indéfinie, que, par commodité, nous baptiserons « cache-tempête ». Ailleurs, en France, où on n’a pas la chance de prendre les coups de chien en plein museau, on lui donne le nom, beaucoup moins seyant, vous en conviendrez, de cache-poussière. L’uniforme du brestois n’est pas le pompon rouge, mais le cache-tempête. Je n’ai plus de doute, le brestois est animal insubmersible.
Bien vu Monique. Mon mari, parisien de naissance et breton « par amour », est fasciné par « les Abeilles ». Quand il en parle, c’est trop pour moi, le mal de mer n’est pas loin !
Une bretonne de l’intérieur…
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Bonjour,
Merci pour votre commentaire, et votre sens de l’humour !
Joël.
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