Henry de Montherlant est-il ringard ?

Périmé, démodé, ringardisé, oublié dans de vieux dictionnaires, Henry de Montherlant ?

Ce matin, je suis tombé par hasard, dans ma bibliothèque, sur un exemplaire imprimé, datant de 1938, des Olympiques, édité par la toujours sémillante maison Grasset.

Je profite de cette circonstance fortuite pour vous livrer ce court florilège de citations extraites dudit ouvrage. L’opportunité de découvrir, ou de redécouvrir, en cette période décidément olympique, le célèbre auteur des Célibataires et de Encore un instant de bonheur, pour ne citer que ces deux-là ; que je lus autrefois avec une pure émotion et un bel enthousiasme.

Si vous désirez en savoir plus sur l’œuvre de Montherlant, je vous recommande chaleureusement de vous rendre sur ce site : http://www.montherlant.be/

« Chaque fois qu’on fait quelque chose de bien, cela commence toujours par une liquidation »

Montherlant, Les Olympiques, Grasset, 1938, Préface, page 11.

« La cause principale de la bêtise du jeune bourgeois, c’est le monde de fantômes intérieurs où il vit », page 13.

« En art, les choses les plus difficiles s’expliquent avec des mots de concierge », page 22.

« …, une femme, c’est ce que l’homme doit épouser », page 45.

« ; depuis ce qu’on affirme touchant la politique jusqu’au chiffre qu’on prétend avoir vu sur le compteur à gaz, tout est inexactitude. Et l’on se réjouit et c’est d’être invité à un thé ; on a l’œil hagard et c’est parce que le pain est mou ; on s’affole et c’est pour une difficulté qu’une minute de réflexion dénouerait ; on discute et l’on est du même avis que l’adversaire ; on défend et c’est quelque chose qu’on permettra le soir même ; on ratiocine avec aigreur des heures durant et c’est à propos de si qui ne s’accompliront jamais. », page 49.

« Rien ne vaut une bonne tablée d’incapables autour du repas familial pour vous donner l’envie de faire œuvre d’homme », page 51.

« Mains sales et corps propre : le contraire des gens du monde », page 67.

« , sans style, il n’y a pas dans le sport de joie pleine et parfaite », page 74.

« Ce qui est vraiment beau est toujours fort », page 74.

« Le visage de l’homme n’est jamais si sublime que lorsque son âme est partie. Le fameux sourire des cadavres, on dirait que c’est le corps qui triomphe, avec un peu d’ironie : « Voyez comme je suis beau quand il n’y a plus que moi » », page 84.

« J’ai marié la lumière avec l’ombre, et chacune d’elles exaspérait l’autre, comme sur les corps de Michel-Ange », page 98.

« Trop de défiance est inquiétude, et inquiétude est faiblesse. Mais celui-là tient en main, qui rend la main », page 161.

« La nature alterne en elle-même le jour et la nuit, le chaud et le froid, la pluie et la sécheresse, la sérénité et la tempête ; et dans les corps la diète et la nourriture, le mouvement et le sommeil ; et l’on ne dit pas pour cela que la nature est incohérente ni que sa variété est la confusion. Comme elle, je me refuse à choisir, je veux entrer plus avant encore dans cette loi universelle du rythme et dans ce jeu divin des compensations ; traduisons cela dans la langue de mon siècle : je veux toucher de tous les côtés. », page 162.

« Quelle récompense le jour où, nous regardant, nous nous verrons comme un miroir de la création, et où nous concevrons Dieu à l’image de l’homme ! », page 163.

« Ne jamais répondre aux insultes, ne jamais se justifier, permettre que vous bousculent les gens qui attendent le tramway, pour n’envoyer promener que celui qui vous empêcherait d’y monter ; toujours accorder tout aux imbéciles : c’est le seul moyen qu’ils ne vous prennent rien ; laisser dire ceux qui disent des faussetés sur le monde, comme laisser croire ceux qui croient des faussetés sur toi. Ce qui constitue la beauté d’une vie, c’est sans doute ce qu’on y a fait. Mais c’est, presque autant, ce qu’on n’y a pas fait. », page 184

2 commentaires sur “Henry de Montherlant est-il ringard ?

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  1. Sartre pissait sur le tombeau de Chateaubriand pour humilier sa grandeur, nous raconte Simone, qui elle-même en faisait autant sur Montherlant. Oui, mais Montherlant, en dépit de l’insolence de « valeurs sûres », est de la lignée de Pascal, nous apportant une lumière particulière sur le monde réel de par la puissante grâce de son style et l’implacable rigueur de sa pesée des âmes. La poésie, haute ou infiniment délicate, qui traverse son oeuvre est un joie profonde de l’esprit.

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  2. Ringard ? Voir mon livre LA DRAMATURGIE CATHOLIQUE DE HENRY DE MONTNERLANT / LA TENTATION DU CHRISTIANISME « PRIS AU SERIEUX », paru chez Séguier (voir « site seguier », ou montherlant.be, « bibliographie ».

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