Frédéric Dard

Sous le titre : « Trois petits bijoux sortis du purgatoire »*, et à l’occasion de la parution récente, récente pour nous s’entend, de trois livres de Frédéric Dard, jamais encore  édités semble-t-il, Tristan Savin nous renseigne, avec pertinence et justesse, sur la vie et l’oeuvre de ce glorieux auteur, à qui, comme chacun sait, l’on doit, entre autres fameux personnages, le beau, l’orgueilleux commissaire San Antonio, accompagné en toute occasion, ou presque, de son acolyte, l’innénarrable Bérurier !

L’article de Tristan Savin est paru dans le magazine Lire de juillet dernier, puis a été repris sur Lire.fr.

Par hasard, j’ai croisé Frédéric Dard, à Madrid, ce devait être en 1996. Nous déjeunions, ma femme et moi, dans un restaurant galiego, un peu chic, mais sans prétention. Les tables étaient relativement espacées les unes des autres ; je me retourne, qui vois-je ? Frédéric Dard, accompagné d’une dame, plutôt âgée, sage, vêtue sobrement, élégance discrète, qui me rappelait, – allez comprendre pourquoi -, la mère du commissaire San Antonio (Félicie je crois).

J’avais vu Frédéric Dard quelques fois à la télévision. Je le reconnus d’emblée, à son oeil « céruléen », d’un bleu très pur si vous préférez (Michel Tournier, soit dit en passant, adorait cet adjectif, de même que Modiano ne peut pas écrire un roman [ou presque) sans y glisser un « interlope »!). Par souci de discrétion, je fais donc comme si de rien n’était ; puis, précaution toute superflue, je laisse cependant passer quelques minutes, je me penche ensuite vers mon épouse et lui glisse à l’oreille « Tu sais qui est assis à la table, derrière moi ? ». Elle me regarde, étonnée, incrédule… « C’est Frédéric Dard ! »lui soufflai-je. Alors la belle, aux jolis petits seins dressés, spontanément, s’exclame : « Federico Dardo ! » (Nous sommes à Madrid, je vous le rappelle). Tout le monde, alentour, l’entend ! et le principal intéressé l’entend aussi, bien sûr. Un ange passe… Et puis, chacun retourne à son assiette. Une demie heure plus tard environ, leur repas achevé, le couple de la table voisine se lève et s’apprête à partir. Et part en effet. Et puis, au dernier moment, avant de quitter la pièce du restaurant où nous nous trouvions, Frédéric Dard se retourne, et fixe ma femme de son regard bleu, très bleu, si bleu, un sourire amusé aux lèvres… tout en s’inclinant légèrement, avec lenteur, avec onction, une main posée sur son coeur… Ce fut tout ; Félicie, quant à elle, avait disparu ; sans rien voir.

* Le tueur en pantoufles, La grande friture, On demande un cadavre, de Frédéric Dard, collection Points, Le Seuil.

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