Je me suis réveillé tôt ce matin, vers cinq heures. Sachant que je ne pourrais me rendormir, je me suis replongé dans la lecture de Lettres à un jeune poète, le chef-d’oeuvre de Rainer Maria Rilke.
J’ai lu, avec intérêt, la longue lettre du 14 mai 1904, que Rilke adresse à son « Cher Monsieur Kappus » (Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète, traduction et présentation de Marc B. de Launay, édition bilingue, Gallimard, 1993, collection Folio ; lettre du 14 mai 1904, à la page 97). Voici donc cette lettre, dans sa partie à mes yeux la plus significative :
« Cette humanité de la femme, portée à terme à travers souffrances et humiliations, verra le jour lorsqu’elle aura, dans les transformations de sa condition extérieure, aboli les conventions grevant le strictement féminin ; et les hommes qui aujourd’hui ne le pressentent pas en seront surpris et frappés.
Un jour (que des signes fiables indiquent déjà maintenant et laissent deviner, du moins dans les pays nordiques), un jour, la jeune fille existera et la femme, dont le nom ne signifiera plus seulement ce qui s’oppose au masculin, mais quelque chose qui vaut par soi, quelque chose qui n’induit pas à penser la moindre complémentarité ni aucune limite, mais seulement une vie et une existence : l’être humain féminin.
Ce progrès va modifier l’expérience de l’amour qui actuellement est pleine d’erreur (tout d’abord en s’opposant fortement à la volonté des hommes qui seront dépassés), la transformera fondamentalement, la convertira en une relation pensée comme un rapport d’être humain à être humain, et non plus d’homme à femme (c’est nous qui soulignons). Et cet amour plus humain (qui procédera avec infiniment plus d’égards et de douceur, bon et simple dans ce qu’il nouera et défera) ressemblera à celui que nous préparons péniblement, non sans lutte, à cet amour qui consiste en ce que deux solitudes se protègent, se bornent et se rendent hommage. ».
Cher ami,
C’est cela et aussi une fête de douceur , de tendresse, de miels accordés… De guerres, il ne reste que la paix et ses fruits d’olivier. Puisse votre route, venant des sentes ombreuses de Rilke vous mener aux clairières où la lune bleue danse avec le soleil dans un même ciel constellé d’innocence…
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Déjà, j’aimais Rilke. Là, je l’aime doublement. monique
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