La brouette
Epousant l’empreinte lisse des ornières
Qui fuyaient à l’infini comme des rails
Avec son odeur d’herbe coupée
Toute baveuse de sève
La fourche que l’on y enfonçait
D’un geste brut
Pour caler la charge
Et dont le manche découpé sur le ciel
Se balançait au rythme des cahots
Elle te laissait à l’arrivée dans la cour de la ferme
Ereinté souffle coupé
Tu la poussais enfant
Vaille que vaille
Sur le chemin de pierre
De retour des champs
La brouette en bois, de trèfle
Bien trop lourde pour toi
C’est elle qui tenait les rênes
Te tassait le corps vers le sol
Te tirait vers l’avant dans la descente
Dans la côte te refoulait de tout son entêtement de chose de somme
Te décochait de grands coups pervers de roulis dans les hanches
Partait en embardée sur la rocaille
Dans un fanfaron tintamarre de roue cerclée
De fer frottant rebondissant sur les cailloux
Soudés les uns aux autres
Par les milliers de passages
D’hommes de vaches de femmes de chats de chiens de poules
De cavaliers de chars à banc de chevaux
De charettes hautes comme des meules chargées à pleines ridelles
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