« Dans le cas où il y a plusieurs sujets, on considère qu’il s’agit d’un pluriel. Pour le genre, désolé mesdames [ici, personnellement, nous aurions ajouté une virgule] mais le masculin l’emporte. Il suffit d’un seul sujet masculin au milieu de 10 sujets féminins pour que le masculin l’emporte. » lisons-nous sur notre bien-aimé, et fort utile, Conjugueur, que tout un chacun peut consulter librement à l’adresse suivante : http://www.leconjugueur.com/fraccordsujet.php
La voici donc, cette draconienne, formulée qui plus est à la manière d’un diktat, avec, certes, une pincée d’humour à l’appui, il faut bien la leur faire avaler la pilule, à toutes ces femmes (souvenez-vous de cette bonne vieille crème Babette : elle n’hésitait pas, la pauvresse, à passer à la casserole…) ! : donc, au pluriel, lorsqu’il y a plusieurs sujets, de sexes différents, le mâle l’emporte, comme toujours (à quoi bon parler du singulier, n’est-ce pas ?).
Comment cela se fait-ce donc qu’aucune femme n’ait encore jamais songé à la culbuter, cette règle-là, on vous le demande ?
Cette règle-là – j’imagine seulement, je ne suis ni grammairien ni linguiste – est aussi vieille que la langue. Elle est connue et appliquée depuis toujours, et sans broncher par surcroît, par chacun(e) d’entre nous ; enfin, tous ceux qui maîtrisent la langue, au moins jusqu’à ce point suffisant.
Et si nous changions la règle ? À quoi bon compliquer inutilement les choses, laissons cela ! rétorqueront aussitôt les fins esprits. Ce serait pourtant aussi simple de dire :
« Dans le cas où il y a plusieurs sujets, on considère qu’il s’agit d’un pluriel. Pour le genre, le féminin ou le masculin l’emporte en fonction du nombre de sujets concernés de chaque genre » lirions-nous alors sur notre bien-aimé, et fort utile, Conjugueur…
Mais, s’il y a autant de sujets femmes que de sujets hommes, me direz-vous, qui l’emportera, cette bataille ? Car il faut bien choisir ; décemment, on ne peut pas faire comme vous le faites, mon cher monsieur, et, par exemple, écrire systématiquement ce genre d’ineptie : « par chacun(e) » ?
Oui, qui l’emportera, qui l’enlèvera le morceau, le masculin ou le féminin ? Eh bien, c’est simple : deux solutions s’offrent à nous. Soit déclarer, une fois n’est pas coutume, que le féminin l’emporte toujours, consacrant ainsi, en quelque sorte, la « revanche historique des femmes » !
Ou bien alors, laisser libre choix au scripteur ; et pourquoi pas après tout ! il y a bien deux orthographes différentes pour certains mots, chacun(e) optant pour l’une ou l’autre à son gré, non ?
Qu’en pensez-vous ? À notre époque, il est de bon ton de vouloir simplifier la grammaire et l’orthographe. Esprits forts et commissions ad hoc s’y attellent périodiquement, avec un bel entrain et un appétit féroce, chacun y allant de sa solution innovante et miraculeuse. Alors, pourquoi pas la nôtre, sur ce tout, tout petit mais très beau sujet… Elle offre au moins un grand mérite : celui de tout mieux compliquer encore !
Or, réfléchissons ensemble à ce paradoxe : plus une langue est riche, complexe, copieuse, abondante, généreuse, pinailleuse et canaille, et redondante, farcie de règles, d’exceptions à la règle, et d’exceptions aux exceptions à la règle ! plus elle encule de mouches en pagaille, plus elle s’avère donc difficile à apprendre, et ensuite à manier, – plus, alors, cette langue est singulière, et donc, plus elle possèderait alors de chances, n’en déplaise aux simplificateurs de tout poil, de demeurer vivante et forte ; CQFD, non ?
Votre commentaire