« Prononcez à voix basse
De façon inaudible
La sentence qui dit que le monde est perdu
Le ciel a des oreilles »,
Christine Nicolas
Si, comme nous, vous pensez que la poésie est affaire avant tout de mots simples, et d’émotion – même si elle ne se réduit pas, loin s’en faut, à cet axiome -, alors, comme nous, vous aurez plaisir à découvrir les poèmes de Christine Nicolas (Nous la remercions de nous avoir autorisé à reproduire sur L’amour délivre quelques-uns de ses textes).
Christine Nicolas écrit ce qu’elle ressent, comme elle le ressent ; dans une langue maîtrisée, avec le souci constant de faire chanter les mots. C’est une voix sensible, sincère, et vraie, habitée par le courage et l’espoir, qui s’exprime dans ces poèmes, à la fois émouvants et justes. Des poèmes qui touchent par leur clarté et leur force de conviction.
Christine Nicolas anime, avec beaucoup de réussite, un atelier de poésie pour les enfants, dans le Finistère, à Daoulas.
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Du rouge et des plumes
Crier sur la colline que la guerre est finie
Du rouge et des fragments
S’asseoir les cheveux dans les yeux, mains levées au soleil
Du rouge et des baies sombres
Crier dans la vallée que la guerre est finie
Rouge les prés, rouge les blés
Murmurer dans le vent une vaine prière
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Effacez les montagnes
Asséchez les rivières
Recouvrez les prairies
De plantes inutiles
Effeuillez tous les arbres
Qu’ils soient nus
Qu’ils soient laids
Rasez toutes les dunes
Evaporez les mers
Qu’on donne à la nature
La couleur de mon âme
Effacez les montagnes
Asséchez les rivières
Oubliez les saisons
Calfeutrez les lumières
Qu’il ne reste à ma vue
Qu’un horrible néant
Faites taire les oiseaux
Muselez tous les chiens
Emportez les éclats
Du rire des enfants
Effacez les montagnes
Asséchez les rivières
Déchirez tous les livres
Et proscrivez les mots
Condamnez les musiques
Obturez les regards
Suspendez les minutes
Et capturez les heures
Qu’un seul instant s’étire
Encore et à jamais
Effacez les montagnes
Asséchez les rivières
Abolissez mon âme
Et détruisez mon être
Couchez dans la terre noire
Mon corps auprès du sien
Effacez de la terre
Ce terrible chagrin
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Miroir
Chaque matin elle posait sur ses yeux
Fermés
Un soupçon de la beauté du monde
Chaque soir elle tirait de ses yeux
Ouverts
Les traces de la vérité
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Remember
Je trempe
Mes orteils torturés par la marche
Entre mes jambes se glissent
Les truites
Ondoyants arc en eaux
J’ai six ans
Sur la berge
J’observe
L’homme de mon cœur
Le roi pêcheur
Mon père
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L’Emotion… Un mot qui fait vibrer… De la Magie qui passe…
Pas toujours aussi simple que l’on puisse le croire à transmettre…
Alors Bravo et Merci Christine ! Vos poèmes nous ouvrent les yeux sur les belles choses simples de la Vie ! (un petit clin d’oeil et un petit faible pour « MIROIR »)
Merci à toi Joël, passeur de talents !
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