Eve Ensler était vendredi soir à Brest, au café Dialogues, situé dans la librairie du même nom.
Elles étaient nombreuses, celles qui étaient venues l’écouter, et, sur le visage de beaucoup d’entre elles, l’émotion se lisait comme dans un livre ouvert.
La conviction, le charisme, le courage, le calme et la simplicité. Si, en quelques mots seulement, je devais résumer la forte impression qu’Eve Ensler, l’auteur des Monologues du vagin, a produite sur moi –, ce seraient, sans nul doute, ces cinq mots que je choisirais.
L’histoire des Monologues du vagin est une belle, une merveilleuse histoire d’amour et de solidarité des femmes entre elles. Peut-être aussi une sorte de conte de fées moderne ? avec cependant une notable différence par rapport aux contes de fées ordinaires. Dans les contes de fées de notre enfance, l’horreur, bien sûr, est fictive et simplement suggérée ; Barbe bleue ne fait peur à personne, l’ogre non plus, le grand méchant loup encore moins… Alors qu’ici, – l’horreur est éclatante, c’est la réalité. Cette horreur-là c’est la violence subie par Eve Ensler (enfant battue et violée par son père). C’est la violence – partout, dans le monde entier – commise par des hommes sur les femmes.
Aussi, à la librairie Dialogues, comme chaque fois, j’imagine, qu’Eve Ensler intervient en public, régnait une ambiance de grand soir : ferveur, silence, visages tendus, larmes refoulées, cœurs qui se serrent… Peurs subites également, et inavouables, chez certaines femmes, dans l’assistance, ce qui ne se comprend que trop. De ces peurs qui vous font alors appeler à votre secours l’histoire, la politique, l’intolérance religieuse, que sais-je ? toutes les formes de la différence, d’un pays à l’autre, qui feraient que, peut-être, la violence d’ici, ou de là, serait autre ? plus aléatoire ? et, qui sait, mieux explicable sinon mieux expliquée ? Mais moins horrible, moins omniprésente – cela jamais.
Eve Ensler – Eve, le prénom n’est pas indifférent – dit la vérité, elle la dit avec courage et fermeté, depuis des années : violence que les hommes exercent sur les femmes depuis « l’aube de l’humanité »… s’est-elle seulement jamais levée cette aube ? Violence si fréquente et si massive parfois, que parler des « hommes » en général, ici hélas se justifie pleinement, et ne constitue pas une généralisation commode et abusive (ou si peu). Que nous n’ayons été que cinq hommes, en effet, pour plusieurs dizaines de femmes, ce soir-là, à être venus écouter Eve Ensler, n’est peut-être pas que le fruit du hasard…
Le lendemain, Les Monologues du vagin ont été joués pour la première fois au Quartz.
Pour plus d’informations sur le combat mené par Eve Ensler, singulièrement par le biais des nombreuses représentations théâtrales des Monologues du vagin, données dans le monde entier, se reporter au site officiel (langue anglaise) :
« V », Eve Ensler, ici.
« À partir d’interviews de plus de 200 femmes, Eve Ensler a rassemblé des témoignages sur la part la plus intime de la femme : son vagin. Elle le cite 123 fois dans le spectacle… C’est un spectacle sur la violence infligée au corps féminin que ce soit sous la forme de viol, de violence sexuelle contre les petites filles, de la persécution des lesbiennes, de mutilation [excision notamment] et de harcèlement sexuel mais également sur le bonheur d’être femme, la joie d’être amante et la fierté d’être mère. Lecture spectacle mêlant rires et émotion. Succès international traduit en 45 langues et joué dans le monde entier. Plus de 650 000 spectateurs en France. ».
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