Exit Zuckerman : à propos de Exit le fantôme, roman de Philip Roth

Voilà donc Zuckerman de retour. Qui est Zuckerman ? Zuckerman serait l’alter ego du grand romancier américain Philip Roth, nous enseigne la Critique ; une seule certitude, un fait : c’est le héros récurrent de Philip Roth, et son personnage favori, du moins si l’on adopte comme critère le nombre de ses apparitions, dans 9 romans en tout.

Voilà donc Zuckerman de retour. Il se pourrait aussi que ce soit le personnage fétiche de Philip Roth ? voire son obsession ? ou une commodité d’auteur recru de fatigue, mais désireux de satisfaire, une fois encore, sa pulsion, sa passion : écrire ? Personnellement, je n’en sais rien, et à vrai dire, je m’en moque.
Nathan Zuckerman, ici, dans Exit le fantôme, nous raconte sa, ses maladies, son déclin, et évoque celui de la littérature. Inexorables l’un comme l’autre. Le diagnostic, concernant Zuckerman, en effet, est correctement posé ; de même, le constat, concernant la littérature, se veut lucide et sans appel. Ne cherchez pas à savoir si l’opinion de Zuckerman est aussi celle de Philip Roth ; rien, dans le roman, ne permet  de donner une réponse cohérente, et donc valable, à cette question d’ailleurs dépourvue d’intérêt, il n’est nul besoin d’être en passe d’entrer dans la boudhéité pour savoir qu’elle n’a pas lieu d’être posée ! et puis, de toute manière, l’auteur brouille sans cesse les pistes sans avoir l’air d’y toucher. Autant chercher à savoir également si le Lonoff qui apparaît dans ce roman serait lui-même inspiré – et pourquoi pas après tout ? – de la figure de cet autre grand américain, Vladimir Nabokov ! Après tout, ce beau et fringant Van Veen flirtant, puis couchant, avec sa ravissante cousine Ada, c’est peut-être aussi l’alter ego de Nabokov, non ? Mais autant chercher, vous dis-je, une aiguille dans une botte de foin, ou mieux encore, une once de désintéressement dans le cœur sec d’un trader de Wall Street.
De retour notre Zuckerman, mais hélas, handicapé. A la suite d’un cancer, en effet, Nathan Zuckerman a subi l’ablation de la prostate ; impuissance et incontinence s’ensuivent, sans compter l’alzheimer qui se profile à l’horizon. Lassé des couches culottes, dont le système anti-fuites n’est pas aussi étanche qu’il y paraît, Nathan a donc renoncé à enchaîner des longueurs dans la piscine qu’il fréquentait auparavant. Désormais, il lui préfère son étang des Berkshires. Si l’eau y est plus fraîche, en revanche il peut s’y baigner nu ; car personne n’est là pour remarquer ces subreptices traînées d’urine qui filent parfois, inopinément, dans le sillage du nageur éprouvé…
C’est ainsi que commence Exit le fantôme, dernier roman de Philip Roth  publié en France. Exit le fantôme *, finalement, nous a un peu déçu. Et c’est une raison suffisante à nos yeux pour n’en rien dire de plus…

*  Lui préférer, du même Philip Roth, le merveilleux Théâtre de Sabbath, dont nous avons rendu compte précédemment .

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