Victor Hugo, un “ sacré gaillard ” !

En feuilletant l’almanach (retrouvé par hasard dans un grenier) de l’année 1950 [1] du journal La liberté du Morbihan, quotidien du soir ayant cessé de paraître en 1995, nous tombons sur un article très amusant intitulé « Victor Hugo et l’hygiène » ; en voici les traits les plus marquants :

Sainte-Beuve, à propos de Victor Hugo : « Il avait des dents de loup-cervier, des dents cassant des noyaux de pêche » [2], des dents d’une « blancheur éclatante » précise le rédacteur de l’article, et dont il se servait pour broyer des noix ou manger des oranges qu’il ne pelait jamais.

Le grog à la Victor Hugo : introduire un morceau de sucre dans une mandarine entière, broyer le sucre avec le fruit, la peau et les pépins et avaler le tout !

Théophile Gautier prétendait avoir vu « de ses yeux » Victor Hugo faisant dans son assiette de fabuleux mélanges de côtelettes, de haricots à l’huile, de bœuf à la sauce tomate, d’omelette au jambon, de café au lait relevé d’un peu de vinaigre, d’un peu de moutarde et de fromage de Brie, qu’il avalait indistinctement très vite et très longtemps.
« L’histoire naturelle connaît trois grands estomacs : le requin, le canard et… Victor Hugo. » aimait à répéter le grand homme.

Il avait aussi une recette assez originale pour aider à la digestion de ses repas pantagruéliques : à la stupéfaction de ses convives, il se faisait apporter sur un plat, à la fin du déjeuner, un morceau de charbon de bois, qu’il croquait en entier pour détruire les « corruptions, miasmes et pestilences de son estomac. ».

Emploi du temps de Victor Hugo pendant son exil à Guernesey, selon le docteur Cabanès [3] :
—  Lever à six heures
—  Petit déjeuner : trois œufs crus, un bol de café noir
— Séance de travail dans son bureau, où il travaille toujours debout ; il prétendait préférer mourir par les jambes que par la tête.

« Une large verrière transformait son bureau en une véritable serre ; le soleil dardait ses rayons sur sa tête nue, tandis qu’en hiver un poêle maintenait dans la pièce une chaleur torride. « A onze heures, rouge, congestionné par le soleil ou la chaleur, suant par tous les pores, il se mettait complètement nu. Sans se soucier des promeneurs qui pouvaient le voir à travers les vitres, il faisait une ablution générale avec de l’eau glacée qui était restée toute la nuit à l’air. Puis, après une friction solide au gant de crin, il s’habillait et descendait déjeuner. ».
—  Après-midi : promenade sentimentale avec Madame Drouet.
— Dîner à dix neuf heures ; coucher à vingt et une heures, dans un lit très bas qui touche le plancher, où il s’endort d’un sommeil d’enfant… malgré le dur appui sur lequel repose sa tête, un simple traversin de bois dur, cintré au milieu, qu’il avait peint en rouge et or !
Victor Hugo prenait souvent des bains de mer, au moins deux par jour.

« Il avait une doctrine remarquable sur la meilleure façon de prendre des bains de mer. Il fallait choisir, dans une plage déserte, un rocher surplombant la mer, s’y dépouiller prestement de tous ses vêtements, après avoir assez couru pour être en sueur, plonger, faire deux ou trois brasses, revenir en nageant entre deux eaux, se hisser des mains et des pieds sur sa roche, se sécher au soleil comme on pouvait et se rhabiller en un clin d’œil. Plus le bain était court et réduit à un plongeon rapide et complet, et plus le corps entrait chaud dans l’eau froide, plus aussi l’action de sel marin était tonique et salubre. ».


[1] Cet almanach est composé d’articles abordant des domaines très variés, c’est la loi du genre ; pour la plupart, ils sont écrits avec humour, sur un ton badin, qui, parfois, se veut savant ; le titre de beaucoup de ces articles laisse plutôt rêveur… : « Du briquet à l’allumette », « La Manche aura-t-elle son tunnel ? », « Il n’y a pas de mauvais outils », « L’enfant est malade, comment le soigner », « Vocations féminines », « Au feu, les pompiers ! », « Le saumon, roi de nos rivières », « Les ennemis de nos ruchers », « Soigner vos varices », « Les canards passent dans le ciel », « Guerres aux rats », « Je suis gros, donc je vis », « Soyez belles », « Surveillez le poids de bébé », « Fouines et belettes menacent votre basse-cour… » !

[2] Notre « divin Marquis (de Sade) », lui, faisait bien mieux ; la légende prétend qu’il cassait des noix avec son membre viril (en érection naturellement) !

[3] Paris, Albin Michel, 1930. 3 vol, 1140 p., avec 132 gravures. Le répertoire des immortels névropathes selon le Dr Cabanès. : Baudelaire, Byron, Chateaubraind, Molière, Pascal, La Fontaine, Rousseau, Chopin, etc.‎ !

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