La France au François ! Bonne chance, Monsieur le Président…

Extraits de : Giacomo Leopardi, Pensées, Editions Allia, 1992

« Beaucoup entendent te traiter de façon indigne tout en exigeant de toi, sous peine de leur haine, assez de sens pour ne pas les en empêcher et assez d’aveuglement pour ignorer leur propre indignité »

« Tu reconnaîtras la loyauté chez autrui en ce que, te fréquentant, il ne te laissera pas espérer de bons services, ni surtout en craindre de mauvais. »

« Les hommes n’aiment pas rendre service, tant à cause du dérangement que parce que la gêne et les revers de leur entourage ne laissent jamais de leur être agréables. En revanche ils désirent être pris pour des bienfaiteurs, recevoir l’expression de la gratitude d’autrui et jouir de ce sentiment de supériorité qui naît du service rendu. »

« La franchise peut aider lorsqu’elle est feinte ou que, du fait de sa rareté, personne n’y croit plus. »

« Ce qui nous pousse à nous rendre utiles et à oeuvrer pour de bonnes causes, réside avant tout dans l’estime que nous nous prodiguons. »

« et que la vie est pleine de gens qui n’admirent pas leurs admirateurs, qui ne répondent pas aux hommages, qui se dérobent devant leurs poursuivants et qui, le dos tourné, s’empressent, tout contrits, de faire la cour à d’autres, qui les ignorent. »

Italo Svevo, Fables, éditions Sillage, 2010, page 30

L’Âne et le perroquet

« Il y avait dans un moulin, outre l’âne qui faisait tourner la roue, un perroquet qui savait dire  » Le pauvre ! « , le nom du patron et tout un tas d’autres choses. Ils tombèrent malades tous les deux et le médecin vint.
C’est pour moi ! s’exclama le perroquet. On s’occupe de moi parce que j’ai de belles plumes.
– Mais non ! répondit l’âne. Le médecin a été appelé pour moi parce que c’est moi qui fais tourner la roue.
– Mais moi, je sais dire  » Le pauvre !  »
– Mais moi, je fais tourner la roue.
– Mais moi, je salue le patron quand il passe.
– Mais moi, je fais tourner la roue.
Le médecin soigna l’âne et laissa crever le perroquet.
Le monde est ainsi fait et on peut s’étonner que le gris du pelage de l’âne ne recouvre pas toute la terre et que les plumes chatoyantes n’aient pas totalement disparu. »

J. M. Coetzee, En attendant les barbares, Première édition en France, Maurice Nadeau, Papyrus, 1982, Editions du Seuil, mai 1997, Points, page 224

« J’en suis sûr, vous pensez qu’il est injuste d’être puni parce que vous avez voulu agir en fils dévoué. Vous croyez savoir ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Je comprends. Nous sommes tous persuadés de le savoir. « . A l’époque, je n’avais aucun doute là-dessus : chacun de nous, homme, femme, enfant, et peut-être même le pauvre vieux cheval qui tournait la roue du moulin, savait ce qui était juste : en venant au monde, chaque créature porte en elle le souvenir de la justice.  » Mais nous vivons dans un monde de lois, ai-je expliqué au pauvre prisonnier, un monde où il faut se contenter de solutions imparfaites. Nous ne pouvons rien y faire. Nous sommes des créatures déchues. Nous sommes réduits à appliquer la loi, tous tant que nous sommes, sans laisser s’évanouir en nous le souvenir de la justice. »

Jean Baudrillard, Cool memories I et II, Editions Galillée, le Livre de poche

« On construit un opéra à la Bastille. Le peuple n’aura plus à la prendre d’assaut, il ira se repaître de la musique royale. Il n’ira d’ailleurs pas davantage – les gens cultivés iront, vérifiant ainsi avec éclat la règle qui veut que les privilégiés consacrent volontiers par l’art ou le plaisir les lieux ou d’autres se sont battus. La droite a bien tort de combattre ce projet : il n’est pas de plus belle stèle funéraire de la Révolution. », page 163

« Il faut être à la fois totalement vital et totalement irréel », page 169

« La gloire auprès du peuple, voilà à quoi il faut aspirer. Rien ne vaudra jamais le regard éperdu de la charcutière qui vous a vu à la télévision. », page 174

« Le peuple s’ennuie ? Etonnez-le, sinon il se distraira lui-même à vos dépens. Il ira chercher l’étonnement dans le spectacle s’il ne le trouve pas sur la scène politique. L’étonnement reste la grande passion des individus et des peuples. Et rien de ce que vous avez fait ne l’a étonné. Les frapper en leur disant la vérité ? Foutaises. La vérité est d’un grand péril, puisque celui qui la dit est le premier à y croire. Or il suffit qu’un homme politique croie à ce qu’il dit pour que les autres cessent d’y croire : ça, c’est la perversité propre au champ politique. Rien ne sert d’être vrai, il faut encore l’éclat de la vérité. Rien ne sert de mentir, il faut encore l’éclat du mensonge. », page 188

Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité, Christian Bourgois éditeur, 1999

« C’est une règle de la vie que nous pouvons, et devons, apprendre avec tout le monde. Il est des choses fort sérieuses que nous pouvons apprendre de charlatans et de bandits ; il est des philosophies que nous enseignent les imbéciles, il est des leçons de loyauté et de constance qui nous viennent par hasard, de rencontres de hasard. Tout est dans tout. », page 348

« Et de même que je rêve, je raisonne si je le veux, parce que ce n’est là en somme qu’une autre façon de rêver. », page 379

« Fumer un cigare de prix et rester les yeux fermés – c’est cela, la richesse. », page 386

etc.

 

 

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