Installation n°17

Le Bassin parisien

Une bassine bleue
Plutôt une cuvette
Une cuvette bleue
Un peu craquelée par l’abus de la Javel
En matière plastique
Posez-la sur un socle de marbre blanc
Joliment veiné de gris de noir, un peu bleuté
Un beau socle pareil à celui d’une statue
Comme celles qui se dressent dans les squares
Avec des pigeons sur la tête
De l’eau dans la cuvette bleue
Sur l’eau flottent des papiers d’emballage
De bonbons multicolores
Les papiers et les bonbons
Sont multicolores et transparents
Un peu comme si on avait fait un glacis
Pourquoi pas dix-sept glacis
Comme Le Titien à ce qu’on prétend faisait
A moins que ce ne soit Léonard
Qui en faisait
Cela doit être joli
Une petite lumière idoine
Donnerait d’ailleurs du relief
À notre numéro dix-sept
Les papiers sont chiffonnés
Les bonbons ont été mangés
Les papiers flottent à qui mieux mieux
À la va comme j’te pousse
Tant et si bien qu’au bout
D’un certain temps
Inappréciable
Ils coulent, ivres d’eau
Un peu comme les poètes
Coulent aussi
Au bout d’un certain temps
Résumons
Cela s’intitule le bassin parisien
Consiste en une bassine bleue
Un peu craquelée par l’abus de la Javel
Remplie d’eau claire
Sur laquelle flottent des papiers de bonbons
Qui naguère furent mangés
Dont certains coulent avec le temps
La bassine le socle l’eau claire les papiers
Dans une pièce de musée
Pas plus grande qu’une pièce de monnaie
D’un nanomètre
Entreposée à Sèvres
À côté de l’étalon
Que les enfants viennent
Nombreux le dimanche
Regarder
L’étalon d’or invisible de la main du mur
De la poésie

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