Il y a quelques jours
Je reçois un mail…
« Ceci, de Marguerite Duras : » … J’écris pour rien. J’écris comme il faut écrire il me semble. J’écris pour rien. Je n’écris même pas pour les femmes. J’écris sur les femmes pour écrire sur moi, sur moi seule à travers les siècles. J’ai lu « Une chambre à soi » de Virginia Woolf, et « La sorcière » de Michelet. Je n’ai plus aucune bibliothèque. Je m’en suis défaite, de toute idée de bibliothèque aussi. C’est fini. C’est deux livres-là, c’est comme si j’avais ouvert mon propre corps et ma tête et que je lise le récit de ma vie au Moyen Âge, dans les forêts et dans les manufactures du XIXe siècle. Le Woolf, je n’ai pas trouvé un seul homme qui l’ait lu. Nous sommes séparés, comme elle dit dans ses romans. « , Marguerite Duras.
Alors… Joël… une question, as-tu lu » Une chambre à soi » ? »
Eh bien oui ! j’ai lu Une chambre à soi…
Florilège
« Quand un sujet se prête à de nombreuses controverses, on ne peut espérer dire la vérité et on doit se contenter d’indiquer le chemin suivi pour parvenir à l’opinion qu’on soutient », Virginia WOOLF, Une chambre à soi, traduit de l’anglais par Clara Malraux, Denoël, Bibliothèques 10/18, page 8.
« l’université ressemblait vraiment à un musée où l’on conserve des spécimens rares qui seraient vite ridicules s’il leur fallait se lancer dans la lutte pour la vie sur le pavé du Strand. (…) à un voilier qui naviguerait toujours et n’arriverait jamais. », page 15.
« le chat qui, en effet, avait l’air un peu absurde, pauvre bête sans queue au milieu de la pelouse. Etait-il né ainsi ou avait-il perdu sa queue dans un accident ? De tels chats, il en existe, paraît-il, dans l’île de Man, sont plus rares qu’on ne pense. Ce sont des animaux bizarres, étranges plutôt que beaux, c’est curieux quelle différence une si petite chose peut faire », page 21.
« La fiction doit adhérer aux faits, et plus vrais sont les faits, meilleure est la fiction ‒ c’est ce que l’on nous dit. », page 25.
« primo, il leur était impossible de gagner de l’argent, et que, secundo, si cela leur avait été possible, la loi leur ôtait le droit de posséder ce qu’elles gagnaient. Ce n’est que depuis quarante-huit ans que Mrs Seton possède un sou qui soit à elle. Il y a quarante-huit ans, cet argent aurait été la propriété de son mari ‒ ce qui peut-être a joué son rôle dans le fait que Mrs Seton, sa mère et ses aïeules n’approchèrent pas de la Bourse. », page 35.
« Pourquoi les hommes boivent-ils du vin et les femmes de l’eau ? Pourquoi un sexe est-il si prospère et l’autre si pauvre ? », page 40
« De quelque côté que l’on se tourne, les hommes ont réfléchi sur ce que sont les femmes et les résultats de leurs réflexions s’opposent. », page 46.
« Peut-être, lorsque le professeur insiste d’une façon par trop accentuée sur l’infériorité des femmes, s’agit-il non de leur infériorité à elles, mais de sa propre supériorité. C’est cette supériorité qu’il protège avec tant de fougue et d’énergie parce qu’elle lui semble un joyau d’une exceptionnelle valeur. », page 53.
« et je connus cette délivrance majeure qu’est la liberté de penser aux choses en elles-mêmes. », page 59.
« les femmes, dans cent ans, auront cessé d’être un sexe protégé. Logiquement, elles participeront à toutes les activités, à tous les emplois qui leur étaient refusés autrefois. La bonne d’enfants portera le charbon. La vendeuse conduira une machine. », page 60.
« chaque fois qu’il est question de sorcières, à qui on fit prendre un bain forcé, ou de femmes possédées par les démons, ou de rebouteuses qui vendirent des herbes, ou même d’un homme de talent dont la mère fut remarquable, je me dis que nous sommes sur la trace d’un romancier, d’un poète qui ne se révéla pas, de quelque Jane Austen, silencieuse et sans gloire, de quelque Emily Brontë qui se fit sauter la cervelle sur la lande, ou qui, rendue folle et torturée par son propre génie, courut, le visage convulsé, par les chemins ! », page 74.
« n’importe quelle femme, née au XVI ème siècle et magnifiquement douée, serait devenue folle, se serait tuée ou aurait terminé ses jours dans quelque chaumière éloignée de tout village, mi-sorcière, mi-magicienne, objet de crainte et de dérision. Car point n’est besoin d’être grand psychologue pour se convaincre qu’une fille de génie, qui aurait tenté de se servir de son don poétique, aurait été à tel point contrecarrée par les autres, torturée et tiraillée en tous sens par ses propres instincts, qu’elle aurait perdu santé et raison. », page 75.
« car il se peut que la chasteté ne soit qu’un tabou, inventé par certaines sociétés pour des causes inconnues… La chasteté avait alors, elle a même encore maintenant, une importance religieuse dans la vie d’une femme, et elle s’est à ce point enveloppée de nerfs et d’instincts que pour la détacher et l’amener à la lumière du jour il faudrait un courage des plus rares. », page 75.
« C’est un reliquat du sens de la chasteté qui incita jusqu’au XIX ème siècle les femmes à garder l’anonymat. Currer Bell, George Eliot, George Sand, toutes, victimes du conflit intérieur comme en témoignent leurs écrits, cherchèrent en vain à se voiler en se servant d’un nom d’homme. », page 75.
« L’anonymat court dans leurs veines. Le désir d’être voilées les possède encore. Même aujourd’hui, elles sont loin d’être aussi préoccupées que les hommes par le soin de leur gloire », page 76.
« L’indifférence du monde que Keats et Flaubert et d’autres hommes de génie ont trouvée dure à supporter était, lorsqu’il s’agissait de femmes, non pas de l’indifférence, mais de l’hostilité. », page 79.
« Car ici nous nous approchons de ce complexe masculin, une fois encore si intéressant et obscur, qui eut une telle influence sur l’évolution des femmes, le désir profondément enraciné en l’homme, non pas tant qu’elle soit inférieure, mais plutôt que lui soit supérieur, désir qui l’incite à se placer de façon à attirer tous les regards, non seulement dans le domaine de l’art et à transformer la politique en chasse gardée, même quand le risque qu’il court semble infime et la suppliante humble et dévouée. », page 83.
« Shakespeare sut chasser de lui et détruire jusqu’à la moindre velléité de protestation, de sermon, jusqu’au moindre désir de proclamer une injustice, de régler un compte, de prendre le monde à témoin de ses épreuves ou de ses griefs. C’est pourquoi sa poésie jaillit de lui en toute liberté, sans se heurter à aucun obstacle. », page 85.
« la flatterie des flagorneurs et le scepticisme du poète professionnel. », page 90.
« L’argent confère la dignité à ce qui serait frivole si on ne le payait pas. », page 97.
« Car les chefs-d’œuvre ne sont pas nés seuls et dans la solitude ; ils sont le résultat de nombreuses années de pensées en commun, de pensées élaborées par l’esprit d’un peuple entier, de sorte que l’expérience de la masse se trouve derrière la voix d’un seul. », page 98.
« Si l’on ferme les yeux et se met à penser au roman dans son ensemble, il apparaît comme une création qui comporte une certaine ressemblance, du genre miroir, avec la vie, ressemblance qui implique cependant de multiples simplifications et déformations. Quoi qu’il en soit, le roman est un édifice qui laisse une forme dans les yeux de l’esprit, édifice bâti tantôt en carrés, tantôt en forme de pagode, parfois solidement compact et surmonté d’une coupole comme la basilique Sainte-Sophie à Constantinople. Cette forme, pensai-je, évoquant certains romans célèbres, fait naître en nous la sorte d’émotion qui lui est propre. Mais cette émotion se mélange immédiatement à d’autres émotions, car la « forme » n’est pas constituée par la relation d’une pierre à une autre pierre mais par le rapport d’un être humain à un autre être humain. C’est pourquoi le roman fait naître en nous nombre d’émotions antagonistes et contradictoires. La vie entre en conflit avec quelque chose qui n’est pas la vie. D’où la difficulté d’arriver à un accord concernant les romans et l’immense empire qu’exercent sur nous en ce domaine nos préjugés personnels. », page 106.
« de temps à autre, certains livres se maintiennent remarquablement bien. Et ce qui les maintient, dans les rares cas de survivance (je pensais à Guerre et Paix), c’est quelque chose qu’on appelle probité, bien que cela n’ait aucun rapport avec le fait de payer ses notes ou de se conduire honorablement dans une situation critique. Ce que l’on entend par probité dans le cas du romancier c’est la conviction qu’il vous inspire que sa fiction est la vérité. Eh oui ! pense-t-on, je n’aurais jamais cru qu’il pût en être ainsi, je n’ai jamais connu de gens se conduisant de cette façon. Mais vous m’avez convaincu qu’il en est ainsi, que c’est ainsi que vont les choses. », page 107.
« la liberté et la plénitude d’expression sont l’essence même de l’art », page 114.
« tous les anciens genres littéraires s’étaient durcis et avaient pris une forme définie avant que la femme devînt écrivain. Seul le roman était assez jeune pour être malléable entre ses mains ‒ autre raison peut-être qui lui fit écrire des romans. », page 115.
« Les femmes vont, peut-être, se mettre à faire usage de l’écriture comme d’un art et non plus comme d’un moyen pour s’exprimer elles-mêmes. », page 120.
« les romans bien souvent sont un soporifique et non un excitant et vous font glisser dans la torpeur au lieu de vous éveiller comme un brandon ardent », page 121.
« il demeure évident ‒ fût-ce dans les romans de Proust ‒ qu’un homme est terriblement handicapé et partial dans sa connaissance des femmes, comme une femme l’est dans sa connaissance des hommes. », page 125.
« Il serait infiniment regrettable que les femmes écrivissent comme des hommes ou vécussent comme des hommes, car si deux sexes sont tout à fait insuffisants quand on songe à l’étendue et à la diversité du monde, comment nous en tirerions-nous avec un seul ? », page 132.
« Et voici encore la fille qui se trouve derrière le comptoir ‒ j’aimerais autant connaître sa véridique histoire que la cent cinquantième biographie de Napoléon ou la soixante-dixième étude sur Keats et son emploi de l’inversion miltonienne qu’écrivent en ce moment le vieux Pr Z et ses semblables. », page 135.
« Qu’on lui donne encore cent ans, (…) et qu’on lui donne une chambre personnelle et cinq cents livres de rente, qu’on la laisse s’exprimer librement et abandonner la moitié de ce qu’elle fourre là aujourd’hui, et un beau jour elle écrira un livre meilleur. D’ici cent ans, me dis-je, (…), elle sera un poète. », page 141.
« me fit me demander s’il existe deux sexes dans l’ordre spirituel, correspondant aux deux sexes dans l’ordre physique, si ces deux sexes d’esprit demandent eux aussi à être réunis pour atteindre au contentement et au bonheur parfaits. Et je continuai, par jeu, à ébaucher un plan de l’âme tel qu’en chacun de nous dominent deux forces, l’une masculine, l’autre féminine ; et dans le cerveau de l’homme, l’homme a la prédominance sur la femme, et dans le cerveau de la femme, la femme a la prédominance sur l’homme. L’état normal et satisfaisant est celui où les deux sexes vivent en harmonie et coopèrent dans l’ordre spirituel. Dans un homme ‒ qui est un homme ‒ la partie féminine du cerveau doit néanmoins jouer son rôle ; et de même faut-il qu’une femme soit en rapport avec l’homme qui est en elle. C’est peut-être cela que Coleridge voulait dire quand il écrivit qu’un grand esprit est androgyne. C’est quand cette fusion a lieu que l’esprit est pleinement fertilisé et peut faire usage de toutes ses facultés. », page 148.
« Peut-être Coleridge a-t-il voulu dire qu’un esprit androgyne est résonnant et poreux ; qu’il transmet directement l’émotion ; qu’il est naturellement créateur, incandescent et indivisible. En fait, on en revient à l’esprit de Shakespeare comme étant le type de l’androgyne, de l’esprit masculin-féminin, et cela bien qu’il nous soit impossible de dire ce que Shakespeare pensait des femmes. Et s’il est vrai que c’est l’un des signes de l’esprit pleinement développé que de ne pas penser au sexe comme à une chose séparée et particulière, reconnaissons qu’il est plus difficile que jamais d’atteindre, aujourd’hui, à ce mode de pensée. », page 148.
« Ce qui manque le plus aux hommes, c’est le pouvoir de suggestion, pensai-je », page 152.
« Le fait est que ni M. Galsworthy ni M. Kipling n’ont une étincelle féminine en eux. Si bien que toutes leurs qualités semblent à une femme, si l’on peut ainsi généraliser, brutes et comme vertes. Le pouvoir de suggestion leur fait défaut. Et quand le pouvoir de suggestion fait défaut à un livre, si grande que soit la violence avec laquelle il frappe la surface de l’esprit, il ne peut le pénétrer en profondeur. », page 154.
« Il faut donc retourner à Shakespeare, car Shakespeare fut androgyne ; ainsi que Keats et Sterne et Cowper et Lamb et Coleridge ; Shelley, peut-être, était asexué. Milton et Ben Johnson furent un brin trop virils. De même Wordsworth et Tolstoï. De nos jours, Proust est complètement androgyne, peut-être même un peu trop féminin. Mais ce défaut est trop rare pour qu’on s’en plaigne, puisque, sans un certain mélange, l’intelligence semble avoir une trop grande prédominance et les autres facultés de l’esprit se scléroser et devenir infécondes. », page 155.
« il est néfaste pour celui qui veut écrire de penser à son sexe. », page 156.
« Il est néfaste d’être purement un homme ou une femme ; il faut être féminin-masculin ou homme-féminin. Il est néfaste pour une femme de mettre fût-ce le plus petit accent sur une injustice ; de plaider même avec raison une cause ; d’une manière ou d’une autre, de parler sciemment comme une femme. Et « néfaste » n’est pas une figure de rhétorique ; car tout écrit volontairement tendancieux est voué à la mort, cesse d’être fécond, dort. Même si cet écrit semble un jour durant plein de force et fait de main de maître, il doit se faner à la tombée de la nuit et ne pourra croître dans l’esprit d’autrui. L’art de création demande pour s’accomplir qu’ait lieu dans l’esprit une certaine collaboration entre la femme et l’homme. Un certain mariage des contraires doit être consommé. L’esprit tout entier doit s’ouvrir largement et nous devons avoir l’impression qu’un écrivain communique son expérience avec une plénitude totale. L’art de création exige la liberté et la paix. Aucune roue ne doit grincer, aucune lumière vaciller. Les rideaux doivent être bien tirés. », page 157.
« la vérité ne peut être atteinte qu’en rassemblant une grande variété d’erreurs. », page 158.
« Toute cette opposition de sexe à sexe, de qualité à qualité, toute cette revendication de supériorité et cette imputation d’infériorité, appartiennent à la phase des écoles primaires de l’existence humaine, phase où il y a des « camps », et où il est nécessaire pour un camp de battre l’autre et de la plus haute importance de monter sur l’estrade et de recevoir des mains du directeur lui-même une coupe hautement artistique. A mesure que les gens avancent vers la maturité, ils cessent de croire aux camps et aux directeurs d’école ou aux coupes hautement artistiques. De toute manière, quand il s’agit de livres il est notoirement difficile d’étiqueter de façon durable leurs mérites. », page 159.
« Ecrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours. Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par déférence envers quelque maître d’école tenant une coupe d’argent à la main ou envers quelque professeur armé d’un mètre, c’est commettre la plus abjecte des trahisons ; », page 159.
« C’est là une chose qui peut sembler brutale et qui est sûrement triste ; la dure réalité veut que la théorie du génie poétique qui souffle où il veut, chez les riches comme chez les pauvres, ne recèle que peu de vérité. La dure réalité veut que sur douze de ces hommes, neuf furent universitaires, ce qui veut dire que d’une façon ou d’une autre ils se procurèrent la meilleure éducation que l’Angleterre puisse donner. », page 161.
« le poète pauvre n’a pas de nos jours, et n’a pas eu depuis deux cents ans, la moindre chance de réussite. (…) un enfant pauvre en Angleterre n’a guère plus d’espoir que n’en avait le fils d’un esclave à Athènes de parvenir à une émancipation qui lui permette de connaître cette liberté intellectuelle qui est à l’origine des grandes œuvres. », page 161.
« C’est cela même. La liberté intellectuelle dépend des choses matérielles. La poésie dépend de la liberté intellectuelle. Et les femmes ont toujours été pauvres, et cela non seulement depuis deux cents ans, mais depuis le commencement des temps. Les femmes ont eu moins de liberté intellectuelle que les fils des esclaves athéniens. Les femmes n’ont donc pas eu la moindre chance de pouvoir écrire des poèmes. Voilà pourquoi j’ai tant insisté sur l’argent et une chambre à soi. », page 162.
« Qu’entend-on par » réalité » ? Cela semble être quelque chose de très changeant sur quoi on ne peut compter ‒ que tantôt on trouve sur une route poussiéreuse, tantôt sur un morceau de journal, dans la rue, qui parfois est une jonquille au soleil. La vérité projette sa lumière sur un groupe dans une pièce ou marque quelque propos passager. Elle se précipite sur vous tandis que sous un ciel étoilé vous rentrez à la maison et transforme le monde du silence en quelque chose de plus réel que le monde des paroles ‒ et puis la voici de nouveau dans un omnibus dans le vacarme de Picadilly. Parfois aussi elle se fige en des formes trop éloignées pour que nous puissions discerner quelle est leur nature. Mais tout ce qu’elle touche, elle le rend stable et permanent. C’est là ce qui demeure quand la peau du jour a été jetée dans la haie ; c’est là ce qui reste du passé, et de nos amours, et de nos haines. Or, l’écrivain, me semble-t-il, a la chance de vivre plus que tout autre en présence de cette réalité. C’est son rôle de la découvrir, de la rassembler et de la communiquer. C’est du moins ce que je conclu de la lecture du Roi Lear ou de Madame Bovary ou de La Recherche du temps perdu. », page 165.
« » Ne songez pas à influencer les autres » », voilà ce que j’aimerais vous dire si je savais comment donner à ces mots une sonorité exaltante. Pensez aux choses en elles-mêmes. », page 166.
« Je vous ai dit au cours de cette conférence que Shakespeare avait une sœur ; mais n’allez pas à sa recherche dans la vie du poète écrite par sir Sidney Lee. Cette sœur de Shakespeare mourut jeune… hélas, elle n’écrivit jamais le moindre mot. Elle est enterrée là où les omnibus s’arrêtent aujourd’hui, en face de l’Elephant and Castle. Or, j’ai la conviction que cette poétesse, qui n’a jamais écrit un mot et qui fut enterrée à ce carrefour, vit encore. Elle vit en vous et en moi, et en nombre d’autres femmes qui ne sont pas présentes ici ce soir, car elles sont en train de laver la vaisselle et de coucher leurs enfants. », page 170.
« et que travailler ainsi, même dans la pauvreté et dans l’obscurité, est chose qui vaut la peine. », page 170.
Prière d’insérer (page 4 de couverture) :
» Bravant les conventions avec une irritation voilée d’ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu’à une époque toute récente, les femmes étaient savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, nécessairement, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi. «
A propos de Virginia WOOLF, voir également, ici, l’article relatif à sa correspondance : » Ce que je suis en réalité demeure inconnu « .
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