« Ah ! les Idées sont des êtres vivants !… », Contes cruels, Villiers de L’Isle-Adam, Véra
« Surout, pas de génie ! » Devise moderne. Deux augures.
« Mais, savez-vous bien, monsieur, qu’il faut, de nos jours, être un homme des plus remarquables pour n’avoir aucun talent ? un homme considérable ? », Deux augures
« Tout journaliste vraiment digne de ce grand titre doit n’écrire qu’au trait de la plume, n’importe ce qui lui passe par la tête, ‒ et surtout, sans se relire ! Va comme je te pousse ! Et avec des convictions dues seulement à l’humeur du moment et à la couleur du journal. Et marche !… Il est évident qu’un bon journal quotidien, sans cela, ne paraîtrait jamais ! On n’a pas le loisir, cher monsieur, de perdre du temps à réfléchir à ce que l’on dit, lorsque le train de la province attend nos ballots de papier ; enfin, c’est évident cela ! », Deux augures
« Le citadin aime les coquilles, monsieur ! Cela le flatte de les apercevoir. Surtout en province ! », Deux augures
« La qualité seule du style, vous dis-je, constitue le talent ! Un million de plumitifs peuvent, dans un journal, tracer l’exposé d’une soi-disant idée… Ah ! black upon white ! Un seul écrivain s’avise-t-il de l’énoncer à son tour et à sa manière, cette idée, dans un livre ? tout le reste est oublié. Plus personne ! L’on dirait un coup de vent sur du sable. ‒ Certes, c’est fort énigmatique ; mais, qu’y faire ? c’est ainsi. ‒ Donc, si vous êtes un écrivain, vous êtes l’ennemi-né de tout journal. », Deux augures
« il est impossible de devenir une canaille sincère ; il faut le don ! il faut… l’onction ! c’est de naissance. », Deux augures
« Faut-il des corsets, oui, ou non ? », L’Affichage céleste
« il n’y a pas, sur le globe terraqué, plus d’un cent d’individus par siècle (et encore !) capable de lire quoi que ce soit, voire des étiquettes de pots à moutarde », La machine à gloire
« En effet, la Littérature proprement dite n’existant pas plus que l’Espace pur, ce que l’on se rappelle d’un grand poète, c’est l’Impression dite de sublimité qu’il nous a laissée, par et à travers son œuvre, plutôt que l’œuvre elle-même, et cette impression, sous le voile des langages humains, pénètre les traductions les plus vulgaires. Lorsque ce phénomène est formellement constaté à propos d’une œuvre, le résultat de la constatation s’appelle LA GLOIRE ! », La machine à gloire
« Toute gloire a sa claque, c’est-à-dire son ombre, son côté de supercherie, de mécanisme et de néant (car le Néant est l’origine de toutes choses), que l’on pourrait nommer, en général, l’entregent, l’intrigue, le savoir-faire, la Réclame », La machine à gloire
« Le Oua-Ouaou, c’est le bravo poussé au paroxysme ; c’est un abréviatif arraché par l’enthousiasme, alors que, transporté, ravi, le larynx oppressé, on ne peut plus prononcer du mot italien « bravo » que le cri guttural Oua-Ouaou. Cela commence, tout doucement, par le mot bravo lui-même, articulé, vaguement, par deux ou trois ; puis cela s’enfle, devient brao, pous grossit de tout le public trépignant et enlevé jusqu’au cri définitif de « Brâ-oua-ouaou » ; ce qui est presque l’aboiement. C’est là l’ovation. Coût : trois pièces d’or de la valeur de vingt francs chacune… », La machine à gloire
« En finirions-nous jamais si nous voulions examiner toutes les ressources d’une Claque bien organisée ? ‒ Mentionnons, toutefois, pour les pièces dites « corsées » et les drames à émotions, les Cris de femmes effrayées, les Sanglots étouffés, les Vraies Larmes communicatives, les Petits Rires brusques, et aussitôt contenus, du spectateur qui comprend après les autres (un écu de six livres) ‒ les Grincements de tabatières aux généreuses profondeurs desquelles l’homme ému a recours, les Hurlements, Suffocations, Bis, Rappels, Larmes silencieuses, Menaces, Rappels avec Hurlements en sus, Marques d’approbation, Opinions émises, Couronnes, Principes, Convictions, Tendances morales, Attaques d’épilepsie, Accouchements, Soufflets, Suicides, Bruits de discussion (l’Art pour l’Art, la Forme et l’Idée), etc., etc. Arrêtons-nous. Le spectateur finirait par s’imaginer qu’il fait, lui-même, partie de la Claque, à son insu (ce qui est, d’ailleurs, l’absolue et incontestable vérité) ; mais il est bon de laisser un doute en son esprit à cet égard », La machine à gloire
« Lorsque Stendhal voulait écrire une histoire d’amour un peu sentimentale, il avait coutume, on le sait, de relire, d’abord, une demi-douzaine de pages du Code pénal, pour, ‒ disait-il, ‒ se donner le ton. », Le convive des dernières fêtes
« un fou ne saurait être égalé en perfection sur le point où il déraisonne. », Le convive des dernières fêtes
« C’est à la juste notion de la Sincérité que nous devons d’être sobres dans les gestes, scrupuleux dans les paroles, réservés dans les enthousiasmes, contenus dans les désespoirs », Sentimentalisme
« Tout le monde, d’ailleurs, me paraît, aujourd’hui, plus ou moins revenu d’éprouver quoi que ce soit. J’espère qu’il y aura bientôt quatre ou cinq cents théâtres par capitale, où, les événements usuels de la vie étant joués sensiblement mieux que dans la réalité, personne ne se donnera plus beaucoup la peine de vivre soi-même. », Sentimentalisme
« En quoi consistent les bonnes manières ? C’est ce que le vulgaire, non plus que l’homme vraiment bien élevé, ne sauront jamais, malgré tous les codes de civilité puérile et honnête. », Sentimentalisme
« “ J’ai parié que je boirai la mer ! bien ; mais pas d’un seul trait ! Le sage doit ne jamais précipiter ses actions : je bois lentement. Ce sera donc, simplement, une goutte, n’est-ce pas ? chaque année. ”
Bref, il est peu d’engagements qu’on ne puisse tenir d’une certaine façon… et cette façon pourrait être qualifiée de philosophique. », Le plus beau dîner du monde
« L’Humanité, en effet, sous l’antique lumière des astres, ne s’appelle plus, aujourd’hui, que le public et l’Homme que l’individu. », L’appareil pour l’analyse chimique du dernier soupir
« La reine venait d’innover ces robes “ à la gore ” où l’on entrevoyait le sein à travers un lacis de rubans agrémentés de pierreries et ces coiffures qui nécessitaient d’exhausser de plusieurs coudées le cintre des portes féodales. », La reine Ysabeau
« Les femmes ont de ces puissances d’oubli momentané ; elles disent à leurs souvenirs : “ Vous repasserez demain ”, et ils obéissent.
Mais, au fond, tout ce qu’affirment les femmes de mœurs un peu libres est-il digne d’autant d’attention que le bruit du vent qui chante dans les feuilles jusqu’à l’hiver ? », Maryelle
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