Pour Isabelle, Jacques, Serge et Valérie
« Ce n’est que dans l’heure en commun, dans la tempête en commun, dans la salle commune où ils se rencontrent, qu’ils se découvrent. », Rainer Maria Rilke, Notes sur la mélodie des choses, Allia, 2008, page 23
Rilke, Verlaine, Ann Beattie… Quel lien, me direz-vous, entre tous ces auteurs ? l’amitié pardi ! non pas celle qui aurait pu, éventuellement, unir ces auteurs ‒ ils ne sont pas de la même époque ‒ mais celle qui pousse parfois vos amis à vous offrir des livres ‒ et à bien les choisir.
Tous ces livres, je les ai lus, je les ai aimés. L’envie m’a pris d’écrire quelques lignes sur chacun d’eux. C’est aussi un petit témoignage d’amitié envers ceux qui ont eu la gentillesse de me les offrir.
RIMBAUD ‒ VERLAINE. Poèmes choisis, 1866-1895, Points, 2013
« Pour que tu puisses… lire un peu de poésie »
Qui ne les connaît, ces deux-là ? L’originalité de cette édition est de les mettre ensemble, comme ils le furent, un temps, deux ans je crois, dans leur vie.
C’est un tout petit livre, au format d’un carnet de poche, imprimé sur papier bible. Je l’ai pris avec moi, dans le bus et dans le métro, pendant plusieurs jours ; et il m’a réchauffé le cœur, comme dit la chanson…
Entre les poèmes, choisis, de l’un et de l’autre, rassemblés dans l’ordre chronologique, de courts textes, pertinents, bien écrits, nous racontent ce que furent leur vie à tous les deux, un peu aussi leur œuvre.
Verlaine, vaincu par l’alcool ‒ l’alcool aidant, il tape sur sa femme, la viole, et il va lui préférer Rimbaud ! il meurt jeune, à 48 ans. Rimbaud, un hyperactif surdoué, dirait-on aujourd’hui, DSM IV aidant ! Toute sa vie, ce grand adepte du virage à 180 degrés, cherche refuge dans… la fuite géographique ! « homme aux semelles de vent », c’est joliment dit. Rimbaud meurt plus jeune encore, à 37 ans. Verlaine et Rimbaud ? assommants, insupportables, infréquentables, imbitables ; mais leur œuvre fascine – un enchantement.
David VANN, Sukkwan island, traduit de l’américain par Laura Derajinski, Gallmeister, 2010, prix Médicis étranger 2010
Sukkwan island est un bon roman. Il raconte l’histoire d’un père, adulte immature, et de son fils, émotif, et fragile, comme le sont tous les adolescents. Le père a décidé, tout seul dans son coin, qu’ils allaient vivre ensemble une belle aventure sur une île déserte, pendant un an, en Alaska ! L’occasion pour lui de faire vraiment connaissance avec son fils, l’opportunité aussi de se racheter, car jusque là il ne s’est guère occupé de son enfant, lui préférant la compagnie des femmes. La mère a quitté le père, néanmoins, elle se veut loyale ; elle fait, ou croit faire, la part des choses ; elle ne pipe pas ; le fils a fini par accepter le projet du père, il est vrai sans grand enthousiasme. D’ailleurs, le plan du père tournera à la catastrophe ; l’histoire se termine tragiquement.
Ann BEATTIE, Nouvelles du New Yorker, traduites de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Rabinovitch, Christian Bourgois éditeur, 2013
Nouvelles du New Yorker. Seize nouvelles. Seize tranches de vie très ratée ; à l’américaine. Il semble qu’on souffre beaucoup, mais qu’on maîtrise bien, en Amérique. L’Amérique, c’est la patrie des obèses. Donnent pas envie à moi d’aller vivre en Amérique. Ecrites avec sensibilité et détachement. J’ai beaucoup aimé ces nouvelles ; un « espace littéraire » ; pourquoi je ne trouve rien de plus à en dire ?
Rainer Maria RILKE, Notes sur la mélodie des choses, traduit de l’allemand par Bernard Pautrat, Editions Allia, 2008
Lorsque Rilke rédige ces notes, il n’a que vingt trois ans ! Ces notes sont bien plus que de simples réflexions sur le théâtre. Bernard Pautrat, leur traducteur : « c’est sa poésie même qui se cherche et est en train de se trouver », page 63.
Et comme toujours chez Allia, leur éditeur, l’objet livre lui-même est beau, soigné. Format carnet de poche, couverture à rabats, papier de bonne main, et de surcroît une jolie photo en gris d’un Rilke aux grands yeux rêveurs et pensifs, en page 4 de couverture. Ainsi qu’une tendre dédicace de la part de celle qui me l’a offert : « te souhaite de vieillir jeune avec du soleil dans la tête »…
Bel hommage Joël mais tu le vaux bien !! comme dirait l’autre !!
Par contre ca veut dire quoi DSM IV ?????
Bises
Isabelle
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