Florilège
« L’homme s’épuise par deux actes instinctivement accomplis qui tarissent les sources de son existence. Deux verbes expriment toutes les formes que prennent ces deux causes de mort : vouloir et pouvoir. (…) Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit ; mais savoir laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme. », page 99.
« Entre les pauvretés de la richesse et les richesses de la pauvreté, l’artiste a-t-il jamais balancé ? », page 115.
« Le gouvernement actuel est l’art de faire régner l’opinion publique », page 127
« Depuis quand les douleurs ne sont-elles plus en raison de la sensibilité ? Lorsque nous arriverons au degré de science qui nous permettra de faire une histoire naturelle des cœurs, de les nommer, de les classer en genres, en sous-genres, en familles, en crustacés, en fossiles, en sauriens, en microscopiques, en… que sais-je ? alors, mon bon ami, ce sera chose prouvée qu’il en existe de tendres, de délicats, comme des fleurs, et qui doivent se briser comme elles par de légers froissements auxquels certains cœurs minéraux ne sont même pas sensibles », page 148
« Les femmes sont habituées, par je ne sais quelle pente de l’esprit, à ne voir dans un homme de talent que ses défauts, et dans un sot que ses qualités ; elles éprouvent de grandes sympathies pour les qualités du sot qui sont une flatterie perpétuelle de leurs propres défauts, tandis que l’homme supérieur ne leur offre pas assez de jouissance pour compenser ses imperfections. », page 164
« le pauvre ne doit se coucher que pour mourir », page 167
« Que léger soit le bagage de qui poursuit la fortune. La faute des hommes supérieurs est de dépenser leurs jeunes années à se rendre dignes de la faveur. Pendant que les pauvres gens thésaurisent leur force et la science pour porter sans effort le poids d’une puissance qui les fuit, les intrigants riches de mots et dépourvus d’idées vont et viennent, surprennent les sots, et se logent dans la confiance des demi-niais ; les uns étudient, les autres marchent, les uns sont modestes, les autres hardis ; l’homme de génie tait son orgueil, l’intrigant arbore le sien, il doit arriver nécessairement. », page 168
« Toutes les infortunes sont sœurs, elles ont le même langage, la même générosité, la générosité de ceux qui ne possédant rien sont prodigues de sentiment, paient de leur temps et de leur personne. », page 175
« Hélas ! nous ne manquons jamais d’argent pour nos caprices, nous ne discutons que le prix des choses utiles ou nécessaires. Nous jetons l’or avec insouciance à des danseuses, et nous marchandons un ouvrier dont la famille affamée attend le paiement d’un mémoire. Combien de gens ont un habit de cent francs, un diamant à la pomme de leur canne, et qui dînent à vingt-cinq sous ! Il semble que nous n’achetions jamais assez chèrement les plaisirs de la vanité », page 185
« C’était plus qu’une femme, c’était un roman », page 191
« L’amour passe par des transformations infinies avant de se mêler pour toujours à notre vie et de la teinter à jamais de sa couleur de flamme. », page 194
« Notre conscience est un juge infaillible quand nous ne l’avons pas encore assassinée », page 224
« Un homme n’est pas tout à fait misérable quand il est superstitieux. Une superstition, c’est souvent une espérance. », page 227
« Ecoute, reprit-il, j’ai comme tous les jeunes gens médité sur les suicides. Qui de nous, à trente ans, ne s’est pas tué deux ou trois fois ? Je n’ai rien trouvé de mieux que d’user l’existence par le plaisir. Plonge-toi dans une dissolution profonde, ta passion ou toi, vous y périrez. L’intempérance, mon cher ! est la reine de toutes les morts. Ne commande-t-elle pas à l’apoplexie foudroyante ? L’apoplexie est un coup de pistolet qui ne nous manque point. Les orgies nous prodiguent tous les plaisirs physiques, n’est-ce pas l’opium en petite monnaie ? En nous forçant à boire à outrance, la débauche porte de mortels défis au vin. Le tonneau de malvoisie du duc de Clarence n’a-t-il pas meilleur goût que les bourbes de la Seine ? », page 245
« Le bonheur engloutit nos forces, comme le malheur éteint nos vertus », page 247
« la débauche est sans doute au corps ce que sont à l’âme les plaisirs mystiques », page 253
« Les riches veulent ne s’étonner de rien, ils doivent reconnaître au premier aspect d’une belle œuvre le défaut qui les dispensera de l’admiration, sentiment vulgaire », page 292
« Bête comme un fait », page 327
« Il pensa tout à coup que la possession du pouvoir, quelque immense qu’il pût être, ne donnait pas la science de s’en servir. Le sceptre est un jouet pour un enfant, une hache pour Richelieu, et pour Napoléon un levier à faire pencher le monde. Le pouvoir nous laisse tels que nous sommes et ne grandit que les grands », page 358
Votre commentaire