Jean Baudrillard, Simulacres et simulation, Galilée, 1981

« La mélancolie est cette désaffection brutale qui est celle des systèmes saturés. Lorsque l’espoir d’équilibrer le bien et le mal, le vrai et le faux, voire de confronter quelques valeurs du même ordre, lorsque l’espoir plus général d’un rapport de force et d’un enjeu s’est évanoui. Partout, toujours, le système est trop fort : hégémonique.
Contre cette hégémonie du système, on peut exalter les ruses du désir, faire la micrologie révolutionnaire du quotidien, exalter la dérive moléculaire ou même faire l’apologie de la cuisine. Ceci ne résout pas l’impérieuse nécessité de faire échec au système en pleine lumière.
Ceci, seul le terrorisme le fait.
Il est le trait de réversion qui efface le reste, comme un seul sourire ironique efface tout un discours, comme un seul éclair de dénégation chez l’esclave efface toute la puissance et la jouissance du maître.
Plus un système est hégémonique, plus l’imagination est frappée par le moindre de ses revers. Le défi, même infinitésimal, est l’image d’une défaillance en chaîne. Seule cette réversibilité sans commune mesure fait événement aujourd’hui, sur la scène nihiliste et désaffectée du politique. Elle seule mobilise l’imaginaire. »

Jean Baudrillard, Simulacres et simulation, Galilée, 1981, page 232 et s.

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