Je suis allé passer quelques jours à Berlin récemment. J’ai visité le musée juif, non sans émotion. Le musée raconte toute l’histoire des juifs d’Allemagne. Sur son site officiel (Voir ici), le musée est qualifié de « centre vivant de l’histoire et de la culture germano-juives ».
A propos de l’architecture du musée, que l’on doit à Daniel Libeskind, il est dit également ceci :
« Le musée n’a pas tardé à faire partie des monuments phares de Berlin. L’audacieuse construction de Daniel Libeskind réalise une harmonie unique entre l’architecture et le contenu du musée ; le bâtiment, habillé de zinc, a déjà fait école. « Between the lines » (entre les lignes) − c’est ainsi que Libeskind a appelé son projet, qui décrit la tension inhérente à l’histoire germano-juive selon deux lignes : l’une droite, mais morcelée en de nombreux fragments, l’autre tortueuse et ouverte à son extrémité. En leurs interfaces, des espaces vides (« voids ») transpercent le musée sur toute sa hauteur. L’architecture nous fait toucher de près l’histoire des relations entre Allemands et Juifs, soulève des questions, incite à réfléchir. ».
Au titre de ces espaces vides (« voids »), le visiteur aborde, à droite, après l’entrée du musée, la tour de l’holocauste. J’ai suivi le flot de visiteurs ce matin-là, je suis entré moi aussi dans la tour, où je suis resté une demi-heure environ. Et j’ai fait ce que Daniel Libeskind nous invite à faire : je me suis livré à une libre interprétation.
La tour de l’holocauste
La tour est haute d’une trentaine de mètres
La surface du sol celle du plafond ont la forme d’un trapèze rectangle
Les murs le sol et le plafond sont en béton
Ils sont lisses
Les murs le sol sont gris foncé
Le plafond est noir
On entre par une lourde porte en acier
Elle a la forme d’un trapèze rectangle
Il fait froid
En haut dans l’angle le plus aigu
Une lumière blanche crue et forte
Elle vient
Du dehors
Par un trou
À quoi elle sert
Dans la tour
Entre sol et plafond
Rien
Il n’y a rien
Aucun objet
Aucun meuble
Pas d’éclairage
Sinon cette lumière
En haut
Il y aurait
Dans cette lumière
Quelque chose
Contre le mur
À gauche
Près de la porte
J’aperçois l’échelle
Enfin
Une échelle de secours
Une barre verticale en acier
Je lui tournais le dos
Des marches scellées dans le mur
À intervalles réguliers
En croix
Sur la barre
Elles ont la forme d’un guidon
D’autrefois
L’échelle monte jusqu’au plafond
Trente mètres
Plus haut
La première marche
À trois mètres du sol
Peut-être quatre
Un homme seul ne peut l’atteindre
D’aucune façon
Un enfant qui se hisse sur les épaules de sa mère
Perchée sur les épaules du père
Aidé par son père
Le peut
L’enfant alors gravit les marches
Sans peine
Il atteint le sommet
Touche le plafond
Dans le plafond
Il n’y a pas
D’issue
De secours
Correspondant
À
L’échelle
De secours
Dans le port
Je grimpais à l’échelle
Enfant
Pour remonter sur le quai
Retour de pêche
Au soleil émerveillé
Il y a ce trou
De lumière
Au dehors
Sortir
Ne pouvoir sortir
Par ce trou
Il n’y a pas de fenêtre
Mais dans un mur
Dix trous ronds noirs
Le double cinq
Dans le jeu de dominos
Des trous faits
Pour respirer
…………………
Voir aussi : Berlin (poème), écrit à la suite d’un précédent voyage, ici
Voir aussi : Between the Lines, Installation-Performance, de Elma Riza, ici
Concept/Improvisation Elma Riza
Sound : Gisbert Schürig
ACUD Galerie Berlin
Berlin 2015
Votre commentaire