« Ça peut vous arriver à vous aussi dans la vie, qu’les pierres vous pleuvent sur la tête et qu’vous avez les jambes qui flageolent. Ça peut arriver à n’importe qui, c’tte mouscaille. Et puis alors qu’est-ce qu’on fait d’ses genoux tout en coton. Vous courez un peu partout dans les rues. Brunnenstraße, Rostenthaler Tor, l’Alex. Ça peut arriver qu’vous courez comme ça dans tous les sens et vous pouvez même pas lire les plaques des rues. (…) et dites-vous bien : on doit pas jurer que par l’argent ou par l’alcool ou les trois malheureus pfennigs de la cotisation. L’important c’est d’avoir une tête, et qu’on s’en sert, et qu’on sait où qu’on est, histoire de pas être foutu par terre tout de suite. Alors tout est moitié moins grave. C’est comme ça, messieurs. C’est ma perception. », page 67
« Et tu cherches parfois à noyer l’ennui coriace, dans la bière, voire dans la vinasse, alors promptement tu chois et tu es schlass. Pendant ce temps les années s’accumulent, les mites boulottent ta chevelure, ça craque sinistre dans la charpente, les membres se flétrissent et débandent ; la jugeotte fermente dans la cervelle, et toujours plus mince la ficelle. Bref tu remarques que c’est déjà l’automne, tu casses ta pipe et abandonnes. Et maintenant je te demande, tremblant, ô mon ami, qu’est-ce que l’homme, qu’est-ce que la vie ? Déjà notre grand Schiller souverain : « Ce n’est point le plus grand des biens ». Pour moi je dis : la vie est comme une échelle de poulailler, courte et pleine de fumier. », page 93
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