Roberto Bolaño, 2666

« Tous les cent mètres, le monde change, disait Florita Almada. Dire qu’il y a des endroits identiques à d’autres, c’est un mensonge. Le monde est comme un tremblement. »,
page 652


Roberto Bolaño, 2666, Traduit de l’espagnol (Chili) par Robert Amutio, 2008, Christian Bourgois éditeur, folio Gallimard n° 5205, 1360 pages.

Je viens de terminer la lecture de 2666. Ample, volumineux, magnifique roman de Roberto Bolaño (1353 pages dans l’édition folio de chez Gallimard). Rappelez-vous, j’avais commencé sa lecture il y a un peu plus de deux mois maintenant (Voir ici) ; j’en étais arrivé alors au début de la quatrième partie, intitulée : La partie des crimes.

Dans cette quatrième et avant-dernière partie du roman, Roberto Bolaño fait le récit chronologique d’une longue série de crimes, tous perpétrés contre de jeunes femmes ; tous commis dans une ville imaginaire du Mexique, qu’il nomme Santa Teresa.

La ville de Santa Teresa existe bel et bien, ce n’est pas celle du roman ; la vraie Santa Teresa est située, en effet, dans l’Etat de Mexico, à plusieurs centaines de kilomètres au sud d’une autre ville : Ciudad Juárez. Et c’est à Ciudad Juárez, ville frontière entre le Mexique et les USA, que les vrais crimes dont Bolaño s’inspire pour écrire son roman ont été commis.

Le premier crime a lieu en janvier 1993. « La première morte s’appelait Esperanza Gómez Saldaña et avait treize ans ». Mais, écrit Roberto Bolaño : « C’est peut-être par commodité, parce qu’elle était la première assassinée de l’année 1993, qu’elle se retrouve en tête de liste. Même si, sûrement, en 1992, d’autres moururent. D’autres qui restèrent hors de la liste ou que jamais personne ne trouva, enterrées dans des fosses communes dans le désert, ou leurs cendres dispersées au milieu de la nuit, lorsque même celui qui les sème ne sait dans quel lieu il se trouve ».

Ce long récit de 400 pages est, à certains moments, presque insoutenable, tellement les faits qu’il relate sont atroces et dépassent l’entendement. Il apparaît de prime abord dépourvu d’affect, mais, dans la durée, perce néanmoins comme une rage froide ; c’est du moins ce que j’ai ressenti à sa lecture. Pas moins de 117 crimes sont ainsi inventoriés et décrits ; 117 crimes dans le roman, mais dans la réalité, ces crimes se comptent par centaines…

Les crimes sont analysés l’un après l’autre, dans les moindres détails, anecdotiques ou sordides. C’est un récit répétitif, dépourvu de toute complaisance. Equivalant peut-être, dans l’esprit de son auteur, un témoignage complet et précis ; aussi complet et précis que nécessaire, de telle sorte que la vérité soit enfin établie et connue de tous, par le biais de la fiction, avec les armes de la fiction, et le retentissement toujours imprévisible de la fiction. Ou équivalant une accusation, un glacial réquisitoire ? ou, plus sensible, et plus nécessaire encore, ‒ une litanie, une longue prière, une supplique à la mémoire de toutes ces jeunes femmes mortes dans des conditions épouvantables ?

Par beaucoup d’aspects tous ces crimes se ressemblent : les victimes sont toutes jeunes ; pratiquement toutes portent de longs cheveux noirs qui leur descendent jusqu’à la taille ; parfois, ce sont des fillettes, voire des femmes enceintes ; toutes les victimes ont été violées puis étranglées (l’expression « elle avait été violée par voie vaginale et anale » revient sans cesse sous la plume de Bolaño…) ; elles ont souvent été torturées, mutilées, avant ou après avoir été violées et assassinées, ou assassinées et violées…

Les faits, réels, dont s’inspire Roberto Bolaño pour écrire son roman, ont commencé à se produire au début des années 90. Plus de vingt ans ont passé, ces faits se répètent, inlassablement. Il semblerait que rien ni personne n’ait de prise sur une situation absolument démentielle. Rien n’y fait, semble-t-il. Ni les manifestations en tous genres, organisées sur les lieux mêmes de ces crimes (ou ailleurs au Mexique ou à l’étranger), entre autres par les mères des victimes et les associations féministes, ni les nombreux articles parus dans la presse internationale, ni la visite récente du pape François au Mexique, qui s’est rendu notamment dans l’établissement pénitentiaire de la ville où sont enfermés certains des auteurs de ces crimes (Voir ici le reportage que consacre la chaîne de télévision catholique Kto, à cette visite), ‒ ni, cela va de soi, le roman de Bolaño, qui n’a pas été écrit pour ça.

De nombreux articles de presse (1) ont été consacrés à ce qu’il est convenu d’appeler désormais ‒ un féminicide. En 2015, le petit Robert a fait entrer ce mot nouveau, construit sur le modèle du mot homicide, dans le dictionnaire. Le féminicide constitue également depuis peu une incrimination à part entière dans le droit de plusieurs Etats d’Amérique latine, dont le Mexique, Voir ici : Aude Lorriaux, Faut-il reconnaître le féminicide dans le droit français ? Slate, 12 novembre 2014.

Dans 2666, réalité et fiction sont étroitement intriquées. En effet, Roberto Bolaño a entrepris de longues et minutieuses recherches dans les archives judiciaires, et dans la presse (il est peu probable qu’il ait pu avoir accès aux archives policières), pour écrire cette quatrième partie de son roman. Dès lors, distinguer ce qui relève de son imagination de ce qui est le fruit d’un patient et long travail d’enquête s’avère quasiment impossible.

Dans la réalité, le contexte dans lequel ces crimes s’inscrivent est aujourd’hui bien connu. Il tient principalement au trafic de cocaïne ; en lien direct avec ce trafic ‒ les profits considérables qu’il engendre, les appétits qu’il réveille, les vocations criminelles qu’il suscite ‒ , la négligence ou la corruption des autorités (police, justice, élus, gouvernants) a été également évoquée, parfois dénoncée. Sans le juteux trafic de cocaïne à destination des USA, et la guerre, c’est le terme adéquat, que se livrent entre eux les cartels de drogue, il est certain que pareil carnage n’aurait jamais eu lieu. Plutôt, il n’aurait pas revêtu cette ampleur inédite, les statistiques officielles n’enregistrant que des crimes, moins nombreux, motivés simplement par le machisme ordinaire…

Dans la fiction, ce contexte n’est d’abord pas nommé ; il apparaît sous forme de signes : certaines allusions mises dans la bouche des personnages, des détails en apparence insignifiants ‒ telle cette notation, récurrente, d’une grosse voiture noire aux vitres fumées (2), qui circule, la nuit comme le jour, presque en silence, dans les rues de Ciudad Juárez ; qui rôde autour des bars et des maquiladores où travaille la plupart des jeunes femmes qui sont, pour certaines, les futures victimes…

Roberto Bolaño manie le paradoxe avec habileté. Reléguant le trafic de drogue, en quelque sorte, au fond du tableau, il réussit à lui donner la meilleure place, et à lui faire occuper finalement le devant de la scène.

« Le journaliste répondit que c’était un coin de narcos, et que certainement rien de ce qui se passait là-bas n’était étranger, d’une manière ou d’une autre, au phénomène du trafic de la drogue. Il trouva que la réponse était évidente, à la portée de n’importe qui, et il y revenait cycliquement… », page 706.

Or, ce trafic est l’œuvre des hommes ; c’est une affaire d’hommes, exclusivement. C’est un effet direct du machisme, caractéristique forte de la société mexicaine et d’un Etat patriarcal ; Voir Marie-France Labrecque, Etat patriarcal et féminicides au Mexique, ici.

À ce trafic, – considérable, et indétectable, plusieurs milliers de camions traversent, chaque jour, la frontière à Ciudad Juárez/Santa Teresa – il convient d’ajouter un fort sentiment d’impunité. Page 715 du roman apparaît pour la première fois l’hypothèse d’un ou de plusieurs tueurs en série. Comme leurs crimes demeuraient impunis, ils aurait pris goût au meurtre et éprouvé l’envie de recommencer, à la manière, si l’on veut, du lion mangeur d’homme lorsque, par malheur, il a déjà goûté à la chair humaine…

« Je m’explique : l’assassin a commencé par violer et étrangler, ce qui est une manière, disons, normale de tuer quelqu’un. En voyant qu’on ne l’attrapait pas, ses assassinats se sont personnalisés. Maintenant, chaque crime porte sa signature personnelle. », page 715.

« Trois femmes mortes auxquelles on a coupé le sein droit et arraché le mamelon gauche en le mordant, dit l’inspecteur Ortiz Rebolledo. À quoi ça vous fait penser ? dit l’inspecteur Ángel Fernández. Ça fait penser qu’il y a un tueur en série », page 715.

Que le titre du roman de Roberto Bolaño intègre, en définitive, ce qu’il est convenu d’appeler, dans la symbolique des nombres, la « marque du diable », le « chiffre de Satan », en l’occurrence le chiffre 666, n’est peut-être pas un caprice de l’auteur, mais un indice destiné à nous renseigner sur ses intentions profondes. Dans la note à la première édition du roman (3), il est dit toutefois que ce titre, 2666, fait référence à une date. Une date pour le moins curieuse, et bien approximative, puisqu’elle englobe plusieurs siècles, six précisément, de notre vingt et unième jusqu’au siècle 26 (4).

Ce chiffre se rapporterait donc plutôt à un état d’esprit généralisé, une mentalité dominante, propre à l’homme ‒ le spécimen mâle. Ce chiffre se rapporterait également au climat général d’une époque ‒ la nôtre ‒, marquée, depuis la dernière guerre mondiale, au coin de l’horreur, de la folie et de la banalité du mal, pour reprendre la célèbre formule d’Hannah Arendt.

On a prêté à André Malraux cette autre formule : « Le vingt et unième siècle sera religieux ou ne sera pas ». Si l’on se réfère plutôt au message de 2666, le vingt et unième siècle sera, une fois encore, une fois de plus, celui de l’horreur conduite par les hommes !

Sommes-nous incorrigibles ? Devrions-nous abdiquer, à la manière de certains rois dans l’Histoire, notre sacro-saint pouvoir tout-puissant sur la marche du monde ? accepter de le partager ‒ pour de bon ‒ avec les femmes, ou de le leur confier une fois pour toutes ? en faire au moins l’essai ?

La deuxième guerre mondiale, justement, est placée au cœur de la cinquième, et dernière partie de 2666 : La partie d’Archimboldi. L’écrivain fantôme, dont il était question depuis le début, a fait un grand voyage ; il nous apparaît enfin, après un long et surprenant détour romanesque. L’auteur y fait merveille. Souvent, ce qui crève les yeux ‒ qu’il prend plaisir, ici, à placer sous notre nez, à longueur de pages ‒ est ce que l’on voit le moins !

Mais de cela, je ne dirai rien de plus. Je vous laisse le soin de le découvrir à votre tour, si le cœur vous en dit, et il faudra qu’il soit bien accroché…

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(1)  Parmi ces nombreux articles de presse, l’un des plus récents, est paru le 25 avril 2016 dans Libération. Je cite un court extrait : « Depuis la fin des années 90, Ciudad Juárez a capté l’attention des médias internationaux et des organisations de défense des droits humains pour l’épidémie de meurtres de femmes qui s’y était déclarée. Des corps de jeunes filles, mutilés, portant des traces de sévices sexuels, étaient découverts au compte-gouttes dans le désert. Ciudad Juárez avait été baptisée la ville qui tue les femmes », Emmanuelle Steels, envoyée spéciale à Ciudad Juárez, Libération, 25 avril 2016, Voir ici l’intégralité de cet article).

Frédéric Saliba, Le Monde, 27 mars 2017 ; Voir ici. Le Mexique regarde tomber ses journalistes :
« Miroslava Breach, tuée le 25 mars, est le 103e professionnel des médias assassiné depuis l’an 2000 au Mexique. L’opinion est consternée et les mobilisations pour réclamer justice se succèdent.
Depuis un an, la journaliste avait publié plusieurs articles sur l’infiltration du crime organisé au sein des autorités locales. Elle avait même révélé les noms de candidats aux élections locales de juin et d’élus, proches de narcotrafiquants. »

Sergio González Rodríguez, Trois cents crimes parfaits, Tueurs de femmes à Ciudad Juárez, Le Monde diplomatique, août 2003 (Voir l’aperçu ici). A noter que dans 2666, un personnage de journaliste porte également le nom de Sergio González. Il est possible que Roberto Bolaño ait donné à son personnage le nom d’un journaliste qui existe. Mais il est possible également que Sergio González Rodríguez soit un nom d’emprunt, le pseudo pris par l’écrivain Bolaño pour écrire un article sur un sujet qui lui tenait à coeur, très peu de temps avant sa mort…

(2)  Une voiture de marque Peregrino (pélerin), une marque qui n’existe pas !

(3) « Et puis il y a le titre. Ce chiffre énigmatique, 2666 ‒ une date, en réalité ‒, qui agit comme point de fuite à partir duquel s’ordonnent les différentes parties du roman », page 1357.

(4) Cette date est déjà évoquée dans le précédent roman de Bolaño, Les détectives sauvages : « Cependant Cesárea avait parlé des temps qui allaient venir et l’institutrice, pour changer de sujet, lui avait demandé de quels temps il s’agissait et quand ils viendraient. Et Cesárea avait indiqué une date : aux environs de l’an 2600. Deux mille six cent et quelques. », Les détectives sauvages, folio Gallimard, page 911. Voir ici l’article que je consacre à ce prodigieux roman.

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Florilège

« Mais les vagabondes, du moins en Angleterre, sont souvent maltraitées, d’après ce que j’ai lu dans le reportage d’un magazine dont j’ai oublié le nom. En Angleterre, les vagabondes, on les viole collectivement, on leur cogne dessus, et il est assez fréquent qu’on en retrouve certaines mortes aux portes des hôpitaux. Ceux qui font tout ça aux vagabondes ne sont pas, comme je l’aurais pensé à dix-huit ans, les flics ou les gangs de voyous néonazis, mais les vagabonds, ce qui donne à la situation un arrière-goût encore plus amer si cela est possible. », page 231

« Seaman dit qu’il n’aimait pas le rap, parce que la seule issue qu’il offrait était le suicide. Mais même pas un suicide qui aurait du sens. Je sais, dit-il, je sais. C’est difficile d’imaginer un suicide avec du sens. D’habitude, il n’y en a pas. Quoique j’aie vu ou j’aie été proche de deux suicides avec du sens. C’est ce que je crois. Peut-être que je me trompe, dit-il », page 376

« Nous, les Black Panthers, nous avions contribué au changement. Avec notre grain de sable ou avec notre camion à benne. Nous y avions contribué », page 380

« En réalité, lorsqu’on parle d’étoiles, on le fait dans un sens figuré. C’est ce qu’on appelle une métaphore. On dit : c’est une étoile de cinéma. On est en train de parler par métaphore. On dit : le ciel était couvert d’étoiles. Encore des métaphores. Si on est émerveillé par quelque chose, on dit qu’on a des étoiles plein les yeux. Une autre métaphore. Les métaphores sont une manière de nous perdre dans les apparences ou de rester immobiles dans l’océan des apparences », page 389

« Il n’y a pas un coin sur la planète où il y ait plus d’idiotes au mètre carré que dans une université de Californie », page 440

« Un sourire, pensa Fate, de jeune Noir, mais aussi un sourire tellement américain », page 468

« Comment le sacristain savait-il qu’il était imberbe ? voulut savoir Juan de Dios Martinez. En voyant comment les poils lui poussaient sur la gueule, pas beaucoup et mal plantés, comme collés à l’aveuglette par sa putain de mère et par son dégonflé de bouffe-bites de père, dit le sacristain », page 549

« Et il y a aussi la logophobie qui correspond à la peur des paroles », page 578

« Il parlait du métro, qu’il comparait à la fosse commune », page 640

« Lorsque vous savez, vous savez, et lorsque vous ne savez pas, le mieux c’est d’apprendre », page 651

« Trois femmes mortes auxquelles on a coupé le sein droit et arraché le mamelon gauche en le mordant, dit l’inspecteur Ernesto Ortiz Rebolledo. A quoi ça vous fait penser ? dit l’inspecteur Angel Fernandez. Ça fait penser qu’il y a un tueur en série ? dit le président du municipio. Bien sûr, dit l’inspecteur Angel Fernandez. (…) Je m’explique : l’assassin a commencé par violer et étrangler, ce qui est une manière, disons, normale de tuer quelqu’un. En voyant qu’on ne l’attrapait pas, ses assassinats se sont personnalisés. Maintenant, chaque crime porte sa signature personnelle », page 715

« Toute vie, dit ce soir-là Epifanio à Lalo Cura, aussi heureuse qu’elle soit, finit toujours dans la douleur et la souffrance. Ça dépend, dit Lalo Cura. Ça dépend de quoi, buey ? De beaucoup de choses, dit Lalo Cura. Si on te fout une balle dans la nuque, par exemple, et que le salaud d’assassin s’approche sans que tu l’entendes, tu t’en vas dans l’autre monde sans douleur ni souffrance. Putain de gamin, dit Epifanio. Tu en as déjà reçu beaucoup, des balles dans la nuque », page 775

« Il était athée et ne lisait depuis des années, même si chez lui il avait précieusement amassé une bibliothèque plus que décente sur sa spécialité, ainsi que quelques livres de philosophie, d’histoire du Mexique et de rares romans. Il lui arrivait de penser qu’il ne lisait plus justement parce qu’il était athée. Disons que la lecture était le degré le plus élevé de l’athéisme ou du moins de l’athéisme tel que lui le concevait. Si vous ne croyez pas en Dieu, comment croire en un putain de livre ? pensait-il », page 834

« La réalité, quelle pute sidéenne en rut, vous ne croyez pas ? », page 891

« Pourquoi ma maison lui plaisait-elle plus que la sienne ? Eh bien, parce que la mienne avait de la classe alors que la sienne n’avait que du style, vous comprenez la différence ? Une maison sans style, parfois affreuse comme un bateau coulé, mais avec de la classe. Et savez-vous ce que c’est, avoir de la classe ? En dernière instance, être souverain. Ne devoir rien à personne. N’avoir d’explication à donner sur rien, à personne », page 899

« Un père, dit-il, est une galerie plongée dans la plus profonde obscurité, dans laquelle nous marchons à l’aveugle en cherchant la porte de sortie », page 994

« Les gens malades, au demeurant, sont toujours plus intéressants que les gens en bonne santé. Les paroles des gens malades, même de ceux qui sont seulement capables de balbutier, sont toujours plus importantes que les paroles des gens en bonne santé. Au demeurant, toute personne en bonne santé est une future personne malade. La notion du temps, ah, la notion du temps des gens malades, quel trésor caché au fond d’une grotte dans le désert », page 1001

« La peur d’Ivanov était de nature littéraire. C’est-à-dire que sa peur était la peur dont souffre la plus grande partie de ces citoyens qui décident un beau (ou un sale) jour de transformer l’exercice des lettres, et surtout l’exercice de la fiction, en partie intégrante de leurs vies. Peur d’être mauvais. Peur, aussi, de ne pas être reconnus. Mais, surtout, peur d’être mauvais. Peur que leurs efforts et leurs peines ne tombent dans l’oubli. Peur que leurs pas ne laissent pas d’empreintes. Peur que les éléments du hasard et de la nature effacent les empreintes peu profondes. », page 1094

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