Un écrivain américain intelligent, probablement très intelligent même, un enfant précoce probablement, un « surdoué », je parle de David Foster Wallace, l’auteur de L’infinie comédie dont la traduction française a paru aux éditions de l’Olivier en 2017 ; l’édition originale a paru aux USA, sous le titre Infinite Jest, en 1996.
Un auteur attachant, hypersensible, immature – plus égocentré que la moyenne, comme tous les addicts –, qui s’essaie au cynisme avec brio, un appétit féroce et un détachement apparent. Mais immaturité – ou plutôt vulnérabilité émotionnelle –, qui le conduit d’instinct à vouloir démontrer, pratiquement à chaque page de son roman, sans avoir l’air d’y toucher – il y réussit très bien –, à quel point il est intelligent, ah ! c’est assommant ! Voilà pourquoi, parvenu à la page 136, je décide, provisoirement je pense, de refermer ce livre…
Blessure narcissique chez l’auteur ? Je dois ajouter, pour m’efforcer d’être plus neutre – même si « comparaisons n’est pas raison » comme le disait déjà Flaubert –, que je sors tout juste de la lecture de deux chefs-d’oeuvre, dont la lecture m’a emballé :
Les détectives sauvages, et 2666, de Roberto Bolaño… (Voir sur ce blog, ici, et ici et là).
Florilège
« Jamais il n’avait attendu avec autant d’impatience l’arrivée d’une femme qu’il n’avait pas envie de voir », page 37
« (…) pendant un temps, la vie consista plus ou moins en une grosse teuf », page 59
« Disons que Dieu semble avoir un mode de gestion laxiste dont je ne suis pas fan. Je suis très antimort. Dieu, selon toute apparence, a l’air pro-mort. Je ne vois pas comment on peut s’entendre sur cette question, lui et moi, Boo », page 60
« – Maintenant c’est une bosseuse acharnée obsessionnelle et agoraphobe. Tu trouves que c’est de l’heureusification ? », page 62
« le soleil est une furtive vision de l’enfer à travers un trou de serrure », page 64
« Les médecins ont tendance à pénétrer dans les arènes de leur profession avec une brusquerie enjouée qu’ils doivent vite restreindre et museler quand l’arène dans laquelle ils pénètrent est un cinquième étage d’hôpital, un service psychiatrique, où la brusquerie enjouée peut passer pour de la moquerie », page 99
« Je ne voulais pas particulièrement me faire mal. Ou me punir. Je ne me déteste pas. Je voulais juste en finir. Je ne voulais plus jouer, c’est tout », page 104
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